Maroc. Vive altercation entre islamistes et socialistes au parlement
Bien que la loi du nombre ne soit nullement en sa faveur, l’USFP tient à se positionner comme le chef de file de l’opposition au gouvernement Benkirane. Le parlement a ainsi connu hier lundi une grande altercation entre le parti socialiste et le PJD. (Photo AFP)
Le torchon brûle entre l’USFP et le PJD. Hier, la Chambre basse du parlement marocain a été la scène d’une vive altercation entre les députés socialistes et le ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, Mustapha El Khalfi, fortement soutenu par les élus islamistes.
Un incident qui a contraint, la présidente de la séance, Khadija Rouissi du PAM (opposition), à suspendre la séance hebdomadaire des questions orales pendant une bonne trentaine de minutes.
A l’origine, les événements de Taza
Tout a commencé avec une question d’une députée du parti de la Rose sur la couverture des médias publics, des mouvements sociaux qu’a connus la ville de Taza. Visiblement excédé, et parlant à haute voix, le ministre de la Communication a souligné que les télévisions et les radios sont « indépendantes » et ne sont pas « sous la tutelle » de son département.
Afin d’étayer ses propos, El Khalfi s’est appuyé sur de récentes données fournies par la HACA (Haute autorité de communication audiovisuelle), affirmant que la couverture des grèves et autres sit-in arrive en seconde position sur la chaîne 2M. Et que le syndicat ayant bénéficié du plus fort taux d’antenne, toujours sur 2M, est « celui proche de votre parti », a souligné le ministre en s’adressant à la députée. Une allusion plus que transparente de la part du ministre à la FDT (Fédération démocratique du travail).
La tension étant à son paroxysme, il a suffi donc d’une petite étincelle pour que tout s’embrase. Chose qui s’est produite lors de la seconde intervention du ministre de la Communication.
Mustapha El Khalfi est ainsi revenu sur une information publiée par le quotidien Al Ittihad Al Ichtiraki, de l’USFP, faisant état d’une éventuelle pression de sa part sur 2M lors de la cérémonie de la signature d’un accord-trêve entre des syndicats et le département de la Justice, au cours de laquelle, la parole a été donnée aux représentants d’un syndicat proche du PJD et non à ceux de la FDT, pourtant majoritaire dans le secteur de la justice. El Khalfi a qualifié cette information de « mensonge » et les responsables du journal de l’USFP de « menteurs ».
Suspension de la séance
Des propos qui ont fait sortir les députés de l’USFP de leurs gonds. Ahmed Zaidi, en sa qualité de président du groupe socialiste, est intervenu immédiatement dans le cadre d’une mise au point, pour appeler le ministre de la Communication à « retirer » ses propos et à « présenter des excuses ».
D’autres élus du parti de la Rose se sont levés pour réclamer la même chose, des parlementaires du PJD sont entrés en scène, le brouhaha s’est installé. La présidente de la séance a été contrainte de lever la séance, le temps que les esprits se calment.
Les excuses du ministre
A la reprise, changement total de décor. Le ministre de la Communication a donné de lui une autre image. Calme et parlant avec modération, il a commencé par déclarer que « le quotidien Al Ittihad Al Ichtiraki est un quotidien nationaliste » et qu’il « présente ses excuses aux responsables du journal connus pour leur professionnalisme ». Quant à l’information traitée quelques minutes auparavant par le même El Khalfi de « mensonge », elle devient « une simple erreur ».
C’est le premier véritable affrontement entre le PJD et l’USFP. Il intervient deux jours après la tenue du conseil national du parti de la Rose au cours duquel la base a ouvertement demandé aux députés socialistes de mener une forte opposition au gouvernement Benkirane.
Mohamed Jaabouk