Maroc- Une petite bonne battue à mort à El Jadida
L’été n’a pas été de toute gaité pour la petite Khadija. Partie en vacances avec la fille de son employeuse, la petite bonne, âgée de 11 ans, trouve la mort à la suite de tortures infligées par la jeune femme. Au-delà du drame, se repose de nouveau la question de cet esclavage des temps modernes.
La pauvreté est à blâmer dans le sort de la petite Khadija, mais pas seulement. L’absence d’application des lois concernant la protection de l’enfance y est pour beaucoup dans ce genre de drames. Malgré le militantisme des associations de protection de l’enfance qui arrivent tant bien que mal à arracher des lois au législateur récalcitrant, la mise en application de celles-ci subit la fameuse lenteur des procédures.
Un meurtre à El Jadida
Mardi 26 Juillet, une petite bonne, à peine âgée de 11 ans, succombe à des sévices corporels à l’hôpital Mohamed V. L’enquête ne tarde pas à trouver la coupable qui n’est autre que la fille de son employeuse, une jeune femme de 31 ans, Amina L. La mère de celle-ci la lui avait “prêtée”, pour ses vacances à El Jadida en compagnie de son mari. Originaire d’un douar enclavé, à 200 km de Marrakech, sur la route d’Agadir, khadija a été employée de maison à Casablanca depuis trois mois pour un salaire mensuel de 400 DH… et 0 protection.
Pour le moment, aucune info expliquant les sévices infligés par la jeune femme n’est disponible. La coupable est placée en détention pour coups et blessures ayant entraîné la mort. Son mari, toujours en liberté, est poursuivi pour non assistance à personne en danger. Fait encore mystérieux, le père de la victime aurait abandonné toutes poursuites contre les auteurs de la mort de sa fille !
Des chiffres effarants
L’Institution Nationale de Solidarité avec les Femmes en Détresse, une association qui soutient des femmes et enfants en détresse, s’est proclamée partie civile dans cette affaire aux côtés des associations Manal d’El Jadida, “Touche pas à mon enfant” et Bayti. Malgré leur mobilisation continue en faveur de l’enfance, il y a du chemin à faire avant d’en finir avec le phénomène des petites bonnes ou du moins avec la maltraitance qu’elles subissent.
Selon une étude gouvernementale, entre 60.000 et 80.000 fillettes sont employées comme domestiques chez des particuliers.« Les petites bonnes représentent 72% des enfants qui travaillent dans les villes au Maroc« , précise l’étude. Selon l’organisation « Human Rights Watch », ce chiffre représente l’un des taux les plus élevés au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. En Egypte, le taux est d’à peine 6 % et ne manque pas d’indigner la société civile alors que le fait est banal au Maroc.
Les regards sont suspendus au Parlement, dans l’attente de ce projet de loi spécifique qui vise à l’éradication du travail domestique des petites filles. Cela fait déjà deux ans qu’on l’espère, depuis le drame de la petite Zineb qui a été hospitalisée suite à des sévices perpétrés par ses employeurs. La petite fille a été brûlée à l’huile bouillante, au fer rouge et a subi des agressions sur ses parties intimes, selon une source médicale. Le crime a été commis par la femme d’un juge à Oujda…
En attendant ce projet de loi, les associations de protection de l’enfance et la société civile attendent que justice soit faite lors de la prochaine comparution devant le Juge d’instruction de la coupable du meurtre de Khadija, mercredi 28 septembre 2011 à la Cour d’appel d’El Jadida.
Fedwa Misk