Maroc – UE. L’Accord agricole, une victoire relative ?
Si la Commission du Commerce international (Parlement européen) s’est prononcé en faveur de l’élargissement de l’Accord agricole entre les deux parties, le plus dur reste à faire pour le Maroc. Un bloc de résistance mené par José Bové et les Espagnols comptent s’opposer à la ratification de l’Accord à Strasbourg le 15 février prochain.
Les professionnels marocains de l’agriculture se félicitent de leur première « victoire » au Parlement européen (PE). L’Accord agricole Maroc-UE a fait l’objet, en fin de semaine dernière, d’un vote positif de la Commission du Commerce international du PE et ce par une large majorité de 23 voix pour, cinq contre et une abstention.
Youssef Amrani, ministre délégué auprès des Affaires étrangères, voit en ce vote « une réaction favorable de l’Union européenne aux attentes du Maroc, par une coopération économique et un échange fructueux ».
En effet, le vote en question porte sur l’élargissement de l’Accord agricole dans sa première mouture, ce qui aura pour effet l’augmentation des quotas d’exportations agricoles marocaines vers l’Europe.
Enjeux électoraux
Pour beaucoup, le vote de la Commission du Commerce international du PE constitue un revers aux lobbies européens, dont la position contre l’élargissement de cet accord a été relayée à maintes reprises au sein même du Parlement européen, les Espagnols constituant la tête de file de ce mouvement contestataire.
Les conservateurs, menés par le chef du parti populaire et actuel chef de gouvernement Mariano Rajoy, ont en effet mené une campagne acharnée faisant pression pour la non-reconduction « d’un accord qui ne sert pas les intérêts espagnols ».
Paradoxalement, cela n’a pas empêché Rajoy de plaider à Rabat et à Bruxelles en faveur de la reconduction de l’Accord de pêche dont la suspension par la Commission européenne fait subir de lourdes pertes aux pêcheurs d’Andalousie.
Une région qui, au-delà des enjeux économiques, fait l’objet d’une campagne électorale acharnée entre les conservateurs et les socialistes. Ces derniers n’hésitant pas à adopter la même position que leurs rivaux contre l’élargissement de l’Accord agricole, dans le seul but de remporter le maximum de voix lors des prochaines élections municipales en Andalousie, le 25 mars.
Bové fait de la résistance
La position espagnole n’est pas le seul bastion de résistance auquel devront faire face les Marocains. Le député vert José Bové, encore lui serait-on tenté de dire, a déclaré à l’issue du vote « qu’il n’hésiterait pas à tout mettre en œuvre pour faire barrage à cet accord », faisant allusion au 15 février prochain, date à laquelle l’Accord agricole dans sa version élargie sera soumis cette fois-ci au vote des eurodéputés.
Pour Bové, un vote positif serait à l’encontre des intérêts des petits agriculteurs. « Cet accord est une catastrophe pour l’emploi des deux côtés de la Méditerranée. Les paysans marocains sont spoliés par les grandes entreprises, tandis que les paysans français, espagnols et italiens verront les importations augmenter, ce qui détruira leur capacité à vivre de leur production », a déclaré José Bové au quotidien marocain « L’Economiste ».
Aucune réaction officielle n’a jusqu’à présent émané du côté marocain, bien que le « plus célèbre paysan de France » n’ait pas caché son intention de se lier aux organisations agricoles espagnoles pour faire pression en faveur du rejet de l’Accord agricole, lors de la plénière de Strasbourg en février prochain.