Maroc. Tourisme : Guerre ouverte contre l’informel

 Maroc. Tourisme : Guerre ouverte contre l’informel

A Marrakech


Rien ne va plus pour le tourisme au Maroc. Les principales destinations du royaume accusent le coup de la baisse de l’activité touristique au sein des pays émetteurs. Même Marrakech n’arrive plus à séduire comme avant, au grand dam des professionnels du secteur. A défaut d’attirer plus de touristes, le ministère de tutelle compte tout au moins s’assurer qu’ils se rendent bien dans des structures d’hébergement classées, dans une tentative de récupérer un volume dont les retombées économiques étaient jusqu’ici la chasse gardée du secteur informel. (Photo AFP)




 


« Le manque à gagner est énorme pour l’Etat, nous allons être intransigeants et chasser l’informel », a déclaré le ministre du Tourisme Lahcen Haddad. Toute source de revenu est la bienvenue en ces temps de marasme économique, ce qui incite le gouvernement à prendre des mesures qui répondent enfin aux appels lancés depuis des années par les professionnels du secteur.


Une enquête menée à l’aéroport de Marrakech révèle l’ampleur de l’hébergement « clandestin ». Près de la moitié des touristes ont déclaré ne pas avoir l’intention de séjourner dans un établissement classé, lui préférant un appartement ou une villa, voire un riad pour les plus aisés.


Un engouement qui s’explique par une politique de prix et de services qui répond aux exigences d’une frange de touristes, aussi bien au niveau de l’intérêt touristique pour la destination qu’en prenant en considération le pouvoir d’achat de ces touristes.


Autant de transactions qui se négocient de particulier à particulier et qui échappent totalement au contrôle de l’Etat, avec à la clé une baisse des revenus liés au secteur du tourisme. A Marrakech toujours, on estime à 5 000 le nombre de ces établissements touristiques informels, ce qui représente tout de même une capacité d’hébergement de    30 000 lits.


 


Filières organisées


Un fléau qui s’est répandu au fil des années, les autorités évitant de s’attaquer frontalement à ce problème au vu de sa dimension sociale, des milliers de personnes subsistant de ce commerce.


Sauf que la donne a changé ces dernières années, et l’informel n’est plus le fait de personnes aux revenus limités. Des structures organisées, aux gros moyens, ont investi cette niche et fournissent, en toute illégalité, des prestations couvrant l’ensemble de la chaîne de valeur touristique : hébergement, transport, excursions, et parfois prostitution…


Pour assainir cette situation, le ministère du Tourisme vient de créer une cellule de veille en partenariat avec le ministère de l’Intérieur. Composée d’agents municipaux, de délégués ministériels et d’éléments de la police et de la protection civile, cette cellule s’active à Marrakech en sa qualité de première destination touristique du royaume.


Les premiers efforts porteront sur la sensibilisation des propriétaires, dans une tentative de les intégrer et les soumettre aux mêmes dispositions qui gèrent ce secteur, notamment en matière de fiscalité. La partie s’annonce ardue devant la prolifération de l’informel à Marrakech, à tel point que certains Européens installés dans la ville ocre ont à leur tour investi ce business juteux.


Zakaria Boulahya