Maroc. Sus aux rentes et aux subventions
L’assainissement de l’économie marocaine constitue l’un des principaux axes de la politique du gouvernement. Ainsi, Benkirane et son équipe déclarent la guerre à toute forme de rente ou de subvention « injustes »…
Pour réaliser un taux de croissance de 5,5%, annoncé par le chef de gouvernement Abdelilah Benkirane dans le cadre de sa déclaration gouvernementale, l’économie marocaine devra prendre un nouvel essor qui passe avant tout par la suppression de pratiques d’un autre âge.
Rentes et subventions injustifiés, corruption, monopole des lobbies sectoriels,… autant de maux faussant les règles de l’économie du marché, en favorisant d’une part la création de richesses qui ne correspondent pas à un effort de production, tout en constituant un terreau propice à la précarisation de larges franges de la population.
Définie par les économistes comme étant « un revenu prélevé sans effort productif », la rente tient une place prépondérante dans l’économie du royaume et ce, depuis l’aube de l’indépendance…
« Durant des années, les responsables politiques nous ont vanté les bienfaits de l’économie de marché, tout en favorisant en parallèle le développement d’une économie de rente qui est improductive », s’étonne l’économiste Najib Akesbi.
Les membres du gouvernement semblent vouloir prendre le taureau par les cornes cette fois-ci, en commençant par la restructuration du système d’octroi des licences et autres agréments.
Transport et rente, les priorités
Les secteurs concernés par cette mesure sont principalement le transport, la pêche et l’exploitation des carrières de sable.
Destiné initialement à certaines couches sociales : anciens combattants, personnes à besoins spécifiques,… le système des agréments est devenu rapidement une « récompense » pour ceux qui entrent dans les bonnes grâces du Makhzen.
Au Maroc et c’est un secret de polichinelle, les licences de pêche hauturière et l’exploitation des carrières sont monopolisées par de haut gradés de l’armée.
Le secteur des transports pâtit quant à lui d’une totale anarchie. L’octroi des agréments de transport constitue l’exemple le plus éloquent des effets pervers de la rente.
Pendant des années de hauts responsables en ont fait profiter leurs proches, au détriment de couches sociales plus démunies. Paradoxalement, ce phénomène touche également certains artistes ainsi que des sportifs, récompensés en quelque sorte pour « services rendus à la nation »…
Parmi les mesures annoncées par le nouvel Exécutif, l’établissement d’un listing exhaustif de ces agréments, tous secteurs confondus, afin de procéder à une redistribution plus équitable des revenus.
Le fuel sur la sellette
Dans le même ordre d’idées, le gouvernement Benkirane entend combattre les subventions indûment perçues en réformant
Au titre de la compensation du fuel utilisé dans la production d’électricité, l’ONE absorbe la bagatelle de 5 milliards de DH par an, ponctionnés directement sur le budget de compensation.
Une situation qui n’est pas du goût des économistes au vu des dérives occasionnées, ces subventions profitant plus aux industriels qu’aux couches défavorisées.
L’application de ces mesures est supposée, selon les membres du gouvernement, « permettre de gagner 1 à 2 points de croissance sur le moyen terme ».
Toutefois, ces mesures ne manqueront pas d’impacter le prix de certaines denrées de base constituant le panier de la ménagère, sans oublier d’éventuelles conséquences sociales…
Zakaria Boulahya