Maroc. Sécurité alimentaire, le grand défi

 Maroc. Sécurité alimentaire, le grand défi

Le premier Forum international sur la sécurité alimentaire qui se tient à Rabat souhaite initier une « révolution agricole africaine ». Photo archives Issouf Sanogo / AFP.


La douloureuse question de la sécurité alimentaire est au cœur des débats à Rabat, qui abrite les travaux du premier Forum international sur la sécurité alimentaire. L’espace de trois jours, 300 participants issus de 46 pays débattront du thème de ce forum qui porte sur « des solutions durables pour un monde en malnutrition ».




 


Ce n’est pas une coïncidence si les deux tiers des participants viennent de pays du Sud. L’Afrique a particulièrement fait les frais de crises successives, avec pour résultat des tragédies humaines comme ce fut récemment le cas dans la Corne de l’Afrique. Pourtant, jamais le monde n’a été si riche…


« Les débats sur la sécurité alimentaire sont de plus en plus d’actualité. Nous nous sommes rendu compte que la flambée des prix des denrées alimentaires est quasi-structurelle », constate Aziz Akhannouch, ministre de l’Agriculture. Le Maroc, qui a conclu il y a quelques semaines un accord agricole avec l’Europe, opère une profonde mutation du secteur dont le fer de lance est le Plan Maroc Vert.


Pour volontariste qu’elle soit, cette politique agricole reste tributaire des aléas climatiques comme c’est effectivement le cas cette année au Maroc, avec des répercussions évidentes sur son économie.


« Les impacts du changement climatique ne sont pas à négliger. Notre agriculture doit changer de visage et pour cela, des initiatives comme ce forum permettent d’identifier des innovations prometteuses, de développer des partenariats… », souligne le ministre de tutelle.


Car si l’agriculture marocaine s’efforce de rentrer de plain-pied dans le 21ème siècle, elle souffre cependant de déficits structurels assez lourds comme le morcellement des terres – 80% des exploitations faisant moins de 5 hectares.


 


Coopération sud-sud


D’autres pays africains font face à ce problème, mais force est de constater que la coopération sud-sud en la matière reste assez timide. Pourtant, « les intégrations régionales permettent une réponse plus rapide au défi alimentaire », témoigne Christopher Delgado, directeur au sein du programme de la Banque mondiale pour la sécurité alimentaire.


Un avis partagé par Aziz Akhannouch : « Le Maroc a saisi les enjeux de l’agriculture et a consenti des budgets conséquents à ce secteur. Il est vrai que nous voulons doubler notre production, assurer la sécurité alimentaire et mettre en place des échanges commerciaux, mais ceci ne peut se faire de manière unilatérale ».


Coopération et innovation sont donc les maîtres mots d’une future « révolution agricole africaine » que ce forum souhaite initier, les participants essayant durant trois jours de résoudre la difficile équation de la disponibilité de la nourriture, mais aussi de son accessibilité.


Une question qui se pose avec d’autant plus d’acuité dans un continent comme l’Afrique, où « l’agriculture est un facteur de stabilité politique », comme le résume Moussa Seck, président du Consortium panafricain de l’agro-industrie.


Zakaria Boulahya