Maroc- « S’il n’en tenait qu’au Roi, il irait plus loin et plus vite »
Selon des diplomates français qui ont requis l’anonymat, le Maroc serait sur la bonne voie pour opérer de larges réformes politiques et sociales. Le processus serait, cependant, freiné par les partis politiques qui sont plutôt réticents au changement.
Au cours de la XIXe Conférence des ambassadeurs, tenue à Paris, l’info sur le Maghreb a été livrée brûlante aux journalistes de l’hebdo Valeurs actuelles, sous le sceau du « Off absolu » : Impossibilité de citer la source. L’intérêt de la rencontre est de dévoiler le ressenti des chefs de missions français sur l’actualité dans ces pays. Les déclarations sont faites sur un ton de confidences colportées, un peu à la Wikileaks.
Sur l’hebdomadaire, des diplomates estiment que « le Maroc a pris de l’avance, engagé dans une ambitieuse politique de réformes. La contestation sociale née le 20 février est même un atout ». C’est ainsi que les diplomates français s’expriment au sujet du Royaume chérifien. D’après ces officiels, les contestations de la rue ont fait le lit des réformes longtemps pensées et promises par le Roi Mohamed VI. « Le souverain a trouvé avec ce mouvement l’outil qui lui a permis de balayer les obstacles qui le gênaient pour appliquer des réformes promises depuis des années », dit-on avec conviction.
Seul hic, « la vitesse du changement n’est pas garantie. Si cela ne tenait qu’au roi, il irait plus loin et plus vite». La faute à qui ? « Les partis ne semblent pas prêts à entrer dans le jeu », expliquent les diplomates français qui trouvent que le texte de la nouvelle Constitution est bon mais pas suffisant à lui seul pour opérer de vrais changements dans l’immédiat. Au sujet de la hiérarchie et du poids makhzanien, on lira que « dans cette société rurale à 35%, on observe encore des comportements anciens d’allégeance qui continuent à peser ».
Le bilan ainsi fait de la situation du Maroc le place à mi-chemin entre la Tunisie et la Libye qui concentrent tous les espoirs de la diplomatie française, d’un côté, et l’Algérie traitée de pathétique, de mastodonte gênant ou encore de bloc monolithique de l’autre.
Fedwa Misk