Maroc. Rien ne va plus au RNI
Le parti dirigé par Salaheddine Mezouar n’a jamais paru aussi fragile. Alors qu’hier encore le RNI occupait fièrement le statut de leader du G8 à la veille des élections, avant que le PJD ne brise les rêves de primature de Mezouar, ce sont aujourd’hui près de 200 militants « bannis » du parti qui mènent ce qui s’apparente à une mutinerie. (Photo AFP)
A l’approche du cinquième congrès national du Rassemblement national des indépendants (RNI), prévu du 27 au 29 avril, les « bannis » du parti comptent bien faire entendre leur voix. Plus de 200 militants du RNI, membres du comité central et du bureau politique, venus de Rabat, de Marrakech, de Fès, de Khénifra et d’Oujda, en plus des militants de Casablanca, ont demandé à l’actuel secrétaire général et ancien argentier du royaume, Salaheddine Mezouar, d’ajourner le congrès national à une date ultérieure.
Serait-ce une tentative de « putsch » contre Mezouar ? D’autant plus que ce dernier a usé des mêmes méthodes contre Mustapha El Mansouri, l’ancien SG du RNI ? Dans une déclaration aux médias, Abdelhadi El Alami, membre du comité exécutif du parti n’est pas de cet avis : « Les militants ont insisté sur la volonté de redorer le blason du RNI pour qu’il redevienne le grand parti qu’il a été auparavant. Nous voulons mettre un terme à toutes les exclusions, à ces débats stériles qui durent depuis un moment. Le RNI n’appartient à personne. Nous voulons que le parti applique la loi et les différents statuts pour s’inscrire dans l’évolution de l’histoire, d’où d’ailleurs la revendication de reporter la date du congrès national ».
Les révoltés du RNI
Abdelhadi El Alami vit manifestement très mal son exclusion du RNI, de hauts responsables du parti lui déniant le droit d’organiser toute forme de réunion : « Ce sont des propos non fondés, c’est du délire. Je suis toujours un RNIste. J’ai vu le Rassemblement naître, je suis dans le bureau politique et les différentes autres instances du parti. Je peux très bien composer un comité de redressement et exclure ces responsables ».
Des propos qui laissent augurer d’une éminente épreuve de force, d’autant plus que le bureau politique du RNI affiche clairement la volonté « d’assainir » le parti. D’ailleurs, Mezouar s’était engagé à rétablir l’ordre dès qu’il aurait pris les commandes du RNI.
Pour Rachid Talbi Alami, « la réunion (des exclus, NDLR) n’a aucun fondement juridique ». Ce membre du bureau politique et bras droit de Salaheddine Mezouar estime que « ces gens n’ont aucun lien avec le RNI et ses différentes instances. Tenir une telle réunion doit respecter les statuts du parti et toutes les recommandations qui gouvernent les rassemblements des militants du RNI. C’est un acte anarchique, ces personnes ne font plus partie du RNI, elles sont révoquées ».
Au nom du bureau politique, Rachid Talbi Alami assure que le congrès national se tiendra comme prévu en avril prochain et que le RNI est toujours « solide ». Affaire à suivre…
Zakaria Boulahya