Maroc. Retraites : L’urgence de la réforme
La réforme de la retraite, maintes fois reportée, devient une urgence. La caisse marocaine de retraites sera dans le rouge, vers la fin de cette année. La CNSS n’est guère mieux lotie. Elle cherche désespérément à atteindre les 3 millions adhérents. (Photo AFP)
Les quatre caisses de retraites marocaines : le Régime collectif d’allocation de retraite (RCAR), la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS), la Caisse interprofessionnelle marocaine de retraite (CIMR) et la caisse marocaine de retraites (CMR) sont, à degrés différents, en crise. Uneuphémisme pour la direction de la CMR, qui est déjà dans le rouge. Fin 2012, sonnera le glas des années fastes. A moins d’une intervention urgente du gouvernement, elle sera incapable d’honorer ses engagements envers ses adhérents, principalement des salariés de la fonction publique.
A quelques mois de cette date fatidique, la commission technique chargée de la réforme du système de retraites enchaîne les réunions à la recherche d’une solution à ce problème.
Le rapport du bureau d’études français Charles Riley mandaté par le gouvernement Abbas El Fassi pour diagnostiquer les retraites au Maroc a préconisé l’adoption « d’un seul régime de base unifié pour tous les salariés du public comme du privé avec l’introduction d’une retraite complémentaire pour les fonctionnaires », souligne Mohamed Hakech, membre de la Commission technique. « C’est à nous maintenant d’introduire des amendements et de soumettre de nouvelles propositions à la commission nationale présidée par le chef du gouvernement», poursuit-il.
Le ministre des Finances pour une solution consensuelle
Lundi, lors de la séance hebdomadaire des questions orales à la Chambre des représentants, le ministre des Finances a réaffirmé « l’urgence de la réforme des retraites ». Il s’est dit pour une « solution consensuelle avec les syndicats ». Une solution qui, inévitablement, a un coût.
Trois jours plus tard, Nizar Baraka, dans des déclarations à la MAP, se montre plus explicite, estimant que la commission technique, qu’il préside d’ailleurs, examine trois pistes : le prolongement de l’âge de la retraite au-delà de 60 ans, l’augmentation des cotisations et une révision du mode du calcul des retraites. Trois options qui appellent une contribution de plus de la part des fonctionnaires.
« Pour le moment, nous ne nous sommes pas mis d’accord sur aucune solution. Nous travaillons, dans le cadre du consensus, sur une réforme structurelle de l’ensemble des retraites », réplique Larbi Habchi, membre de la Chambre des conseillers et de la commission technique, aux propos du ministre des Finances.
2003, premier coup de pioche de la réforme
L’ébauche de la réforme des caisses de retraites au Maroc a débuté en 2003. Neuf ans après, le bout du tunnel est encore loin. Le bureau d’études français Charles Riley, chargé de l’examen des systèmes de retraites a remis, le 30 août 2010, sa copie.
La commission nationale, présidée par le chef du gouvernement, attend que la commission technique parvienne à une solution consensuelle pour ensuite l’adopter ou l’amender.
Deux approches se disputent la vedette : une purement financière, basée sur l’équilibre et la pérennité, défendue notamment par le patronat, et une autre sociale revendiquée par les syndicats, fortement soutenus par le BIT (Bureau international du travail).
Mohamed Jaabouk