Maroc. Rabat réclame le départ de Christopher Ross, le médiateur de l’ONU au Sahara

 Maroc. Rabat réclame le départ de Christopher Ross, le médiateur de l’ONU au Sahara

Entre Christopher Ross et le Maroc


Le conflit au Sahara entame une nouvelle phase. Le médiateur américain, Christopher Ross, n’a plus la cote auprès des responsables marocains.




 


C’est officiel. Rabat réclame le départ du médiateur de l’ONU au Sahara, Christopher Ross. Un communiqué du gouvernement, rendu public jeudi, parle de « paradoxes relevés dans les agissements de l’envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU, Christopher Ross, marqués par son renoncement aux principes fondateurs des négociations tels que définis par les résolutions du Conseil de sécurité, et par sa ligne de conduite déséquilibrée et partiale dans de nombreuses situations ».


Des sources aux ministères des Affaires étrangères indiquent que cette nouvelle position marocaine est à l’origine des deux visites éclairs, du chef de la diplomatie, Saâdeddine El Othmani, à Paris, le 9 mai, et le 11 mai aux Etats-Unis.


 


Les raisons de la colère


Ce retrait de confiance est la riposte de Rabat à la teneur du dernier rapport, avril, du secrétaire général de l’ONU sur le Sahara, présenté aux membres du Conseil de sécurité. Un document, nullement en faveur des intérêts du royaume, élaboré sur la base des conclusions de Ross.


Il a fallu que la machine de la diplomatie marocaine se mette en branle pour que la version du texte subisse d’importantes modifications, mais la demande de l’élargissement des prérogatives de la MINURSO à la surveillance des droits de l’Homme au Sahara, demeurait intacte.


Ce n’est qu’à la suite de déplacements d’El Othmani et de Youssef Amrani dans les capitales membres permanents au conseil de sécurité que cette requête a complètement disparu de la résolution 2204, adoptée à l’unanimité des quinze.


 


Ban Ki-moon soutient Ross


La demande marocaine a-t-elle des chances d’aboutir ? En tout cas, elle n’a pas recueilli l’adhésion du secrétaire général de l’ONU. Hier jeudi, Ban Ki-moon a réitéré sa confiance en son envoyé personnel au Sahara. L’Algérie a, immédiatement, fait de même.


En dépit de ces deux appuis, Christopher Ross ne pourrait continuer dans sa mission sans le soutien du Maroc. C’est tout le processus des négociations directes ou informelles qui en pâtirait.


De son côté, la France exprime « son appui au plan d’autonomie marocain, qui est la seule proposition réaliste aujourd’hui sur la table des négociations et qui constitue la base sérieuse et crédible d’une solution dans le cadre des Nations Unies », a déclaré ce vendredi, lors d’un point de presse, le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères. Voilà qui devrait rassurer certains milieux au Maroc quant à la position de l’équipe Hollande sur le Sahara.


 


Les précédents cas Baker et Walsum


Le conflit du Sahara est parsemé de ce genre d’incidents. Le sort du médiateur de l’ONU est, en grande partie, tributaire de la confiance des parties engagées. Pour mémoire en 2004, Rabat, nullement satisfaite des initiatives du médiateur américain James Baker, avait demandé son départ. Après une période de tension, l’ex-chef de la diplomatie de Bush père a été contraint de présenter sa démission.


Le même scénario s’est répété avec le Néerlandais, Peter Van Walsum, successeur de Baker en 2005. Trois ans plus tard, il a été forcé de rendre son tablier. Ses déclarations, avril 2008, dans lesquelles il affirmait que « l’indépendance du Sahara est une option irréaliste », ont suscité de vives réactions en Algérie. Quelques mois plus tard, il emboîtait le pas à James Baker.


Il faut dire qu’entre Christopher Ross et le Maroc, le courant passait difficilement. Dès le départ, Rabat avait des réserves sur Ross, autrefois ambassadeur en Algérie (1988- 1991).  En mars, aux termes du 9ème round des réunions informelles tenues à New York, il a émis le vœu de visiter, en mai, le Sahara et de rencontrer la population locale.


Nommé en janvier 2009, Ross a proposé des réunions informelles entre le Maroc et le Polisario, en présence de l’Algérie et la Mauritanie, dont neuf rounds ont été tenus en Europe et aux Etats-Unis, sans réelles avancées.


Mohamed Jaabouk