Maroc. Marc Thépot : « Nous cherchons à rester une des locomotives de l’hôtellerie marocaine »

 Maroc. Marc Thépot : « Nous cherchons à rester une des locomotives de l’hôtellerie marocaine »

« En ces temps de turbulences


Risma, la société qui gère les hôtels Accor au Maroc, vient de procéder à de nouvelles nominations et mettre en place une nouvelle organisation dans un contexte international de crise dans le secteur du Tourisme. Entretien avec Marc Thépot, vice-président du Directoire de Risma, qui revient pour nous sur ces changements.




 


Le Courrier de l’Atlas : Nouvelles nominations chez Risma… c’est une page qui se tourne ?


Marc Thépot : C’est effectivement une ère nouvelle qui s’ouvre pour Risma avec la nomination de Yann Caillère à la présidence du Conseil de Surveillance de Risma en remplacement de Gérard Pélisson, mythique co-fondateur du groupe Accor et artisan important de notre développement au Maroc.


Le choix de Yann Caillère est une chance pour Risma dont il est administrateur depuis 2006. Depuis cette date, d’ailleurs, il est le promoteur inconditionnel du Maroc au sein d’Accor, et dispose d’une aura forte auprès des administrateurs et partenaires marocains. En outre, il est natif du Maroc, un pays qu’il connait bien pour y avoir vécu et y avoir de nombreux amis. Cette sensibilité forte est un atout important pour nous tous. Nous sommes tous honorés que malgré un agenda chargé (il est responsable de l’hôtellerie mondiale chez Accor), il souhaite rester disponible pour Risma et le Maroc.


Yann Caillère pourra s’appuyer sur un nouveau Président du Directoire ,  Amine Echcherki qui, après un parcours brillant chez IBM, est l’un des jeunes dirigeants emblématiques du Groupe BMCE (2ème actionnaire de Risma après Accor). Amine Echcherki incarne le renouveau et le dynamisme de Risma.


 


Une équipe dirigeante plus resserrée et de nouvelles résolutions visant à renforcer la gouvernance ont été mises en place, pourquoi ?


Rismase devait de moderniser sa gouvernance, tout en ayant le souci d’associer pleinement les actionnaires aux décisions prises. Dans le monde actuel des affaires, il faut à la fois décider vite et bien. Cela impose un management resserré et des règles précises pour prendre des décisions en impliquant, selon leur importance, les actionnaires dans un processus de validation rapide et efficace. Il faut intégrer le fait que nous sommes une société cotée et que nous devons concilier – dans nos décisions – le désir de certains de percevoir des dividendes et celui dautres de poursuivre les investissements.


 


Nouveau directoire et nouveau président, pourtant vous, vous ne changez pas. Votre expérience et votre apport pour le groupe sont reconnus. Qu’est-ce que cela signifie pour vous ?


Avec Amine Echcherki comme Président, nous formons effectivement à deux un directoire resserré et complémentaire. Les administrateurs ont souhaité mon maintien au Directoire, sans doute pour ce que j’ai apporté à la société durant mes 11 ans de travail au Maroc… et surtout pour ce que je pouvais encore faire aux côtés du Président pour les 3 ans à venir.


C’est une marque de confiance. Je vais, bien sûr, mettre mon énergie, ma motivation, ma connaissance d’Accor et du secteur et mon professionnalisme au service de ce jeune président pour cette nouvelle page qui reste à écrire. Mon attachement au Maroc et au Tourisme est connu. Je suis ravi et motivé.


 


Comment se portent les enseignes Accor au Maroc dans un contexte mondial et national de crise ?


Il est clair que le travail considérable fait chez Accor pour rénover et repositionner ses marques constitue un atout considérable à un moment où la distribution est en pleine mutation et où, justement, avec internet et la distribution électronique, ce sont des marques fortes et identifiables que les clients recherchent. A ce titre, tout le monde reconnait à Yann Caillère la paternité du renouveau et du succès de la marque Sofitel dans le monde et au Maroc en particulier.


En ces temps de turbulences, nos marques fortes constituent un atout concurrentiel aussi bien auprès de la clientèle nationale qu’étrangère. De ce point de vue, nous sommes épargnés par la ou les crises, mais nous le devons aussi à la dynamique commerciale et managériale qu’Accor imprime dans sa gestion dynamique des hôtels de RISMA. A ce jour, le parc de Risma concerne 31 hôtels pour 4 500 chambres et nous employons au Maroc près de 2 500 salariés permanents.


 


Risma continue de surperformer le marché, avec un taux d’occupation moyen sur l’ensemble du Maroc de 60% contre 44% pour le marché. Quels sont vos secrets ?


Notre performance tient, comme je l’ai indiqué, à la qualité et la pertinence des marques hôtelières Accor et par le professionnalisme du management opéré par le gestionnaire Accor. Ceci étant, tout ça n’est rendu possible que parce qu’il y a Risma, Société patrimoniale qui construit, développe et porte les propriétés des hôtels. Rismas’est, depuis 2 ans, dotée de moyens propres, d’équipes performantes pour effectuer le développement, réaliser les constructions, monter les financements et piloter cet ensemble.


Notre secret aussi, ce sont des partenaires engagés, crédibles et durablement impliqués dans Risma. Je veux parler – outre Accor – du groupe BMCE, de la CIMR, de Mamda Mcma et du groupe CFGT Capital. Il ne faut surtout pas oublier notre partenaire AKWA dans le programme ambitieux d’hôtellerie très économique (Ibis Budget) lancé depuis 2 ans et qui doit conduire à un réseau de 24 unités sous 8 ans. Enfin, il faut mentionner le groupe Attijari Wafabank, partenaire historique dans Ibis Moussafir qui compte désormais 16 unités au Maroc


 


On parle d’importants investissements sur les trois prochaines années ? Pouvez-vous nous en dire plus ?


Nous suivons notre feuille de route en nous concentrant désormais sur la consolidation de notre hôtellerie économique Ibis, en développant rapidement notre réseau Ibis Budget avec notre partenaire AKWA et en ciblant nos autres projets sur les destinations plutôt «  affaires » comme Casablanca et Rabat en particulier.


Ceci étant, 2012 aura vu l’ouverture de 6 hôtels nouveaux : 2 Sofitel à Agadir en mars et Casablanca fin juin, ainsi que 4 Ibis budget. Hormis ces 6 unités, c’est 600 millions qui sont programmés pour les 3 prochaines années. L’un des projets phares étant un Novotel et un Ibis sur le site prometteur de Casanearshore !


 


Risma, premier propriétaire hôtelier du Maroc, compte donc rester leader sur son marché ?


Bien sûr, mais le soleil brille pour tout le monde et nos confrères participent à l’animation et à la promotion de l’hôtellerie marocaine. De notre côté, nous cherchons à rester une des locomotives du secteur dans ce pays. Mais, vous le savez sans doute, celui qui gagne n’est pas toujours le plus gros : c’est le plus rapide qui l’emporte. Il faut donc, sans cesse, se remettre en cause et ne pas s’endormir sur une position éphémère de leader !


Propos recueillis par Ahlam Jebbar