Maroc. Loi de finances 2012 : vote par défaut ?

 Maroc. Loi de finances 2012 : vote par défaut ?

La Loi de Finances 2012 a été votée hier mercredi à la majorité avec 166 parlementaires pour


C’est dans la douleur que s’est votée hier mercredi la Loi de Finances 2012. Le Maroc dans toutes ses composantes a enfin plus de visibilité sur la feuille de route de cette année, à quelques semaines de la fin du premier semestre 2012. Cette première Loi de Finances sous le gouvernement Benkirane suscite un vif débat, divisant aussi bien l’opinion publique que les parlementaires. (Photo AFP).




 


La LF 2012 a été votée hier mercredi à la majorité. 166 parlementaires ont voté pour, 49 contre, avec 15 abstentions. Une majorité très relative et qui illustre la continuité de certaines pratiques politiques.


En effet, pas moins de 165 parlementaires – presque autant que les votes positifs – se sont absentés lors de la session de vote de la LF 2012, considérée comme la plus importante de l’année. Un taux d’abstention record qui reflète les contradictions entre le discours officiel, la volonté de réforme et la réalité du champ politique marocain.


Cela n’a pas empêché les parlementaires présents d’exprimer leur position par rapport à la LF 2012. Alors que les députés issus des partis de la coalition gouvernementale (PJD, PPS, Istiqlal, MP) y voient « un projet visant à restaurer l’espoir et la confiance des citoyens », l’opposition reproche à la LF 2012 de sous estimer l’impact du repli de l’économie mondiale et celui de la récession qui guette les principaux partenaires commerciaux du Maroc, dans un contexte national marqué par une campagne agricole très moyenne. Les groupes de l’opposition vont plus loin, estimant que cette loi de finances ne reflète pas le programme du gouvernement.


 


Une année difficile


Pourtant, Nizar Baraka, ministre de l’Economie et des Finances,  confirme que « 50% des amendements proposés lors des discussions des Commissions des finances ont été adoptés ». Des amendements portant essentiellement sur le volet social, et qui se traduisent notamment par une série d’incitations fiscales en faveur de l’immobilier, de la santé et du secteur médical de manière générale, ainsi que par la création de fonds de solidarité nationale.


Nizar Baraka a tenu à rappeler l’engagement du gouvernement à « améliorer les services et à réformer les mécanismes de gouvernance, grâce à une stratégie de ciblage dans les politiques publiques ».


Ce qui n’a pas empêché le chef de gouvernement, Abdelilah Benkirane, à reconnaître dans une interview que 2012 s’annonce difficile : « Nous avons trouvé cette Loi de finances à notre arrivée(…) Cette Loi arrive avec du retard et nous n’avions pas le temps de la revoir ».


Au même moment où les parlementaires procédaient hier au vote de la LF 2012, les forces de l’ordre ont brutalement réprimé une manifestation de diplômés chômeurs qui comptent une centaine de blessés dans leurs rangs. Les diplômés avaient appelé au rassemblement après des doutes sur leur intégration dans la fonction publique, conformément à l’accord passé sous le précédent Exécutif dirigé par Abbas El Fassi.


Zakaria Boulahya