Maroc. Les transferts des MRE à la rescousse de l’économie marocaine
Des statistiques récentes font état d’une légère amélioration de ces transferts, avec une prédominance des fonds envoyés à partir de l’Hexagone.
Les Marocains résidants à l’étranger (MRE) ont transféré 58,5 milliards de dirhams en 2011, selon les dernières statistiques publiées par l’Office des changes. Ce qui représente une augmentation de l’ordre de 7,6% par rapport à l’année précédente, où ces transferts ont plafonné à 54,3 milliards de dirhams. Du pain béni pour une économie marocaine dont les réserves en devises sont sérieusement malmenées sous l’effet de l’aggravation du déficit commercial.
Ainsi, les transferts enregistrés en 2011 se sont appréciés d’une manière soutenue après la baisse observée en 2008, au plus fort de la crise économique et financière. Impactée par les effets de cette crise, la communauté marocaine à l’étranger avait transféré l’équivalent de 48 milliards de dirhams en 2008, pour remonter timidement à 50,2 milliards en 2009.
Bien que relative, la reprise de l’activité économique en Europe semble se répercuter positivement sur ces transferts, qui constituent avec le tourisme la principale source de devises du royaume.
Toujours selon les chiffres de l’Office des changes, les MRE de France arrivent « logiquement » en tête des montants transférés avec 22,13 milliards de dirhams, suivis par l’Espagne et l’Italie avec 5,4 milliards, et enfin les Etats-Unis avec 2,95 milliards de dirhams.
La communauté marocaine résidant dans les pays du Golfe a également contribué à renflouer les caisses de l’Etat en devises avec 1,77 milliards de DH transférés d’Arabie Saoudite, 441,7 millions en provenance du Koweït et 299 millions du Qatar.
Un marché juteux
Cette croissance des montants transférés par les MRE n’a pas échappé aux… agences de transfert. Elles se multiplient au Maroc et se font une concurrence acharnée pour attirer une clientèle motivée avant tout par de faibles coûts. Le secteur risque toutefois de connaître un chamboulement suite à l’implantation de l’émirati UAE Exchange, l’un des leaders mondiaux avec 555 agences couvrant 29 pays.
Selon un communiqué diffusé par ce groupe, l’objectif est de « profiter des opportunités et des perspectives de développement du marché marocain ». Une implantation au timing hasardeux de l’avis des professionnels du secteur, faisant référence au risque de récession qui guette en 2012 plusieurs pays européens, terre d’accueil de prédilection des MRE.
Si l’importance de ces transferts dans le maintien des équilibres économiques du Maroc n’est plus à démontrer – avec un total de près de 465 milliards de dirhams entre 2000 et 2010 -, plusieurs voix s’élèvent pour que les MRE bénéficient d’une représentation politique qui reflète leur poids économique. Pour rappel, les législatives du 25 novembre dernier avaient suscité une vive polémique au sein de cette communauté en raison de l’imposition du vote par procuration, jugé contraignant et « anticonstitutionnel ».
Zakaria Boulahya