Maroc. Les transferts d’argent des MRE en baisse
Les transferts en devises des Marocains résidant à l’étranger ne cessent de baisser, menaçant la situation économique au Maroc d’un véritable empoisonnement. Le déficit financier du Royaume risque de se creuser davantage subissant directement les aléas de la crise internationale.
C’est un pronostic alarmant qu’a dressé hier lundi le professeur d’économie à l’Université Paris Dauphine, El Mouhoub Mouhoud, au sujet de l’économie marocaine lors d’une conférence. Les transferts d’argent de nos émigrés représentent quelque 10% du PIB marocain, c’est un chiffre important lorsqu’on sait que le secteur névralgique de l’agriculture représente 15% du PIB.
Selon le professeur Mouhoud, ces transferts sont en « érosion continue » et ce pour plusieurs raisons. L’avenir s’annonce donc difficile pour les populations directement dépendantes de ces transferts, mais également pour l’état qui devrait moins compter sur cette colossale rentrée d’argent.
Une question d’attachement ?
Tout d’abord, c’est du fait que les nouvelles générations d’émigrés, celles qui sont peut être moins attachées aux sources, transfèrent moins d’argent vers le Maroc. En effet, plus les générations passent, plus le sentiment d’appartenance au pays se perd.
Mais s’ajoutent aussi d’autres raisons telles la conjoncture économique mondiale qui a mis au chômage un nombre important de nos compatriotes vivant et travaillant à l’étranger. Beaucoup d’employeurs préfèrent sacrifier les « étrangers » afin de privilégier les citoyens de pure souche.
Il y a également le traitement très peu engageant et le climat peu propice aux affaires qu’ils trouvent au Maroc. La plupart préfère investir dans la sécurité de l’immobilier au lieu de taper dans des secteurs qui génèrent de l’emploi.
Ceux qui décident d’investir dans un secteur porteur, butent contre la rigidité de l’administration marocaine. Un casse-tête chinois de complexité, couronné par la corruption et le vol d’idées novatrices.
Le professeur Mouhoud dénonce également un tourisme bas de gamme dans les pays du Maghreb, qui favoriserait le déclassement des diplômés et des emplois qualifiés et par conséquent encouragerait la fuite des cerveaux. Des cerveaux qu’il est inutile de rappeler au pays une fois affirmés à l’étranger.
Pour pallier cette érosion, le professeur invite les pays du Maghreb à se spécialiser dans des « activités de services de la connaissance et d’investissement immatériel », signifiant le développement de l’éducation et de la recherche scientifique. Ou encore de s’allier au puissant associé turc qui a réussi à percer en pleine crise économique.
Le constat du professeur est en tout cas sans appel. Qu’on le veuille ou pas, les émigrés enverront de moins en moins d’argent et il faudra s’en accommoder.
Fedwa Misk