Maroc. Les nouveaux du gouvernement
Un week-end politique très favorable au PJD. Le Parti du progrès et du socialisme, dernier parti membre de la Koutla, a décidé samedi dernier de se joindre au Parti de la lampe. L’arrivée, dimanche, du Mouvement Populaire vient d’offrir aux islamistes la majorité requise pour constituer son gouvernement.
Le PPS, parti ex-communiste, dispose de 18 sièges. Au maximum, il peut espérer deux postes au sein du nouveau gouvernement. Le Mouvement Populaire, lui, compte 32 sièges. Il vient d’approuver à l’unanimité la participation au gouvernement Benkirane.
Abdelilah Benkirane, éclateur de coalitions
Outre le PPS, la Koutla, coalition nationaliste et de gauche, renferme le Parti Istiqlal qui a gagné 60 sièges au Parlement et l’Union Socialiste des Forces Populaires qui a pu rempoter 39 sièges.
Si la Koutla s’est déjà désintégrée suite au passage de l’USFP aux bancs de l’opposition, alors que le Parti de l’Istiqlal avait opté pour la participation, la décision du Parti de Benabdellah vient enfoncer le clou dans la coalition mythique qui a dirigé plusieurs gouvernements.
L’enjeu est bien pauvre, mais le comité central du PPS a exprimé son approbation vis-à-vis de la décision du bureau politique de ce parti de gauche. « La décision répond à l’appel du peuple qui a voté pour une nouvelle expérience susceptible de nous permettre de satisfaire les revendications pressantes exprimées », a déclaré Nabil Benabdellah à la presse.
Le Mouvement populaire s’est lui aussi détaché d’une coalition à tendance libérale. L’alliance pour la démocratie, notre G8 national, comptait 8 partis hétérogènes qui s’étaient réunis autour d’un même programme.
Le MP est donc le premier parti à s’être désolidarisé du G8 en préférant participer au gouvernement au lieu de rejoindre les bancs de l’opposition comme le PAM et le RNI, autres membres de la coalition.
Conviction ou obligation
Nabil Benabdellah n’a jamais mâché ses mots pour rejeter toute alliance avec le PJD. C’était compter sans le succès écrasant de celui-ci au cours de ces dernières élections, où il a emporté à lui seul 27% des voix.
Le leader du parti ex-communiste se voyait davantage dans une configuration habituelle de la Koutla majoritaire. Ses revendications socialistes progressistes peuvent actuellement trancher avec l’ambiance profondément conservatrice qui régnera au gouvernement.
Abdelouahed Souhail, membre de la direction du parti, a tenu à préciser que «la participation du PPS se basera sur les convictions du parti et le programme commun avec les composantes du gouvernement».
Le parti de Mohand Laensar est également loin de partager la vision du parti islamiste. A tendance libérale berbériste, le MP s’était engagé avec une coalition des plus hétérogènes, comptant des partis libéraux, socialistes verts et islamistes modérés. La collaboration dans un gouvernement conservateur-gauchiste ne semble pas le déranger outre mesure.
Sur les sièges de l’opposition, se sont précipités jusqu’à présent des partis qui ne sont pas des moindres : Parti authenticité et modernité qui occupe 47 sièges, Rassemblement national des indépendants qui, lui, a 52 sièges et l’USFP qui a remporté 39 sièges. L’Union Constitutionnelle est le seul à ne pas avoir choisi son clan.
Fedwa Misk