Maroc. Le PPS joue cavalier seul
Il semble que les ex-communistes entendent bien apposer leur empreinte au gouvernement Benkirane. Les ténors du parti multiplient les interventions et déclarations en faveur d’une action gouvernementale concertée, au point de menacer de se retirer du gouvernement. (Photo AFP)
Véritable crise ou simple manœuvre politique visant à « mettre au pas » les ministres du PJD ? Quoi qu’il en soit, le secrétaire général du Parti du Progrès et du Socialisme, Nabil Benabdallah, ne mâche pas ses mots et semble décidé à occuper pleinement son rôle au sein de la majorité gouvernementale.
Dans une interview accordée au quotidien Al Massae, le SG du PPS menace clairement de se retirer du gouvernement Benkirane si ce dernier entreprend des mesures à même de restreindre les libertés publiques ou de pénaliser certains secteurs de l’économie marocaine comme le tourisme, dans une allusion à peine voilée aux récentes sorties médiatiques du ministre de la Justice Mustapha Ramid (PJD), dans lesquelles ce dernier avait déclaré que « beaucoup de touristes se rendent à Marrakech uniquement pour commettre des pêchés ». Une déclaration qui a suscité une levée de boucliers, aussi bien parmi les fédérations professionnelles du tourisme que dans le milieu associatif.
« La lutte contre la corruption ou l’économie de rente ne se gagne pas en publiant des listes ou à coups de grandes déclarations. Aucune mesure concrète n’a suivi », déplore Nabil Benabdallah, qui appelle à une meilleure concertation de l’action gouvernementale « avant toute prise de décision, en conformité avec le pacte de la majorité que nous avons tous signé ».
Sus au PAM !
Toujours sur les colonnes d’Al Massae, le SG du PPS et actuel ministre de l’Habitat et de l’Urbanisme tire à boulets rouges sur le Parti Authenticité et Modernité (PAM), qu’il a accusé de vouloir « saboter la coalition gouvernementale ».
Pour preuve, Benabdallah avance une théorie intéressante : « Si les conseillers du PAM ont validé à l’unanimité le budget du ministère de la Santé (PPS), c’est dans l’unique but d’approfondir les divergences entre le PPS et nos alliés de l’Istiqlal »… Il est vrai que l’une des premières mesures prises par El Ouardi, ministre PPS de la Santé, fut de diligenter une commission d’enquête suite à des irrégularités constatées dans la gestion de son prédécesseur, l’Istiqlalienne Yasmina Baddou.
Ainsi, l’apparente solidarité qui unit les ministres de la coalition gouvernementale semble vaciller à cause des agendas personnels des différents partis, et ce malgré les déclarations rassurantes de Abdelilah Benkirane.
Quant à son allié du PPS Nabil Benabdallah, il avertit contre les conséquences d’une « cacophonie gouvernementale qui décevrait les attentes des Marocains », faisant un parallèle avec le gouvernement d’alternance de Abderrahmane El Youssoufi. « Le gouvernement d’alternance cristallisait les attentes et il faut reconnaître que des avancées ont été réalisées sous le gouvernement El Youssoufi. Mais le peuple s’en est tout de même désintéressé car le plafond des attentes était trop élevé. C’est ce que nous craignons pour le gouvernement actuel… »
Zakaria Boulahya