Maroc – Le PJD en a après la bière spéciale !

 Maroc – Le PJD en a après la bière spéciale !

Le PJD ne touche pas aux bières importées ni aux vins marocains. Seule la bière 100% marocaine est dans le collimateur du Parti.

Selon la presse nationale, il parait que le Parti de la Justice et du Développement prépare un projet de loi pour interdire la commercialisation de la bière locale, connue sous le nom de « Spéciale ». Les dirigeants du parti se voient déjà prendre la tête du gouvernement, après les élections du 25 novembre.

Le sujet de l’interdiction de la consommation d’alcool aux musulmans est rabâché depuis belle lurette. Le référentiel religieux du parti ne laisse aucun doute sur ses intentions. Encore faut-il que cela soit pratiquement réalisable. Le PJD semble donc avoir « trouvé » le moyen de limiter les dégâts de l’alcoolisme : Interdire la commercialisation de la « Spéciale ». La plus populaire, puisqu’abordable, bière du Maroc, concernée par 60% des ventes. En 2007, les chiffres révélaient quelque 650.000 bouteilles écoulées par jour !

L’alcool interdit aux pauvres seulement ?

On ne touche pas aux bières importées ni aux vins marocains. Seule la bière 100% marocaine est dans le collimateur du Parti. Ce qui suscite plusieurs interrogations :

L’usine produisant la « Spéciale » devrait-elle fermer boutique, renvoyer ses ouvriers et garder ses impôts ? Ou alors investir davantage pour se mettre à niveau afin d’exporter ses canettes vers l’étranger ?

La bière importée est-elle moins nocive ? Les revenus de sa surtaxe la rendent-elle Halal ?

La différence de prix imposée par la disparition de la bière locale et la surtaxe de la bière importée sera-t-il à l’origine d’un « repentir » ou, au contraire, d’une révolte du consommateur qui y verrait une « injustice » supplémentaire envers les moins riches ?

Un semblant de réponse provient du supermarché Carrefour, où un panier chargé de bières Spéciale se met en file devant la caisse. « Si cela venait à être appliqué, je changerai de marque de bière tout simplement. Mais lui, comment va-t-il le prendre ? », répond l’acheteur tout en désignant des yeux un des maçons du chantier en face, qui emballe 4 canettes de la même marque.

Si les effets néfastes de l’alcool ne sont plus à prouver, il serait très naïf de vouloir l’éradiquer de la sorte. C’est à se demander s’il ne s’agit pas d’une rumeur lancée par les concurrents du Parti pour amortir sa lancée. Surtout que les déclarations d’Abdelilah Benkirane vont à l’encontre de cette politique. Le secrétaire général du Parti ne cesse de mener une campagne de séduction auprès des organismes laïques et du patronat marocain (Cf Maroc – Abdelilah Benkirane du PJD : barbus mais pas rétrogrades !). Quoi qu’il en soit, le PJD n’aurait pas intérêt à imposer des préceptes idéologiques dans le contexte actuel, où la nouvelle constitution interdit toute formation politique fondée sur la base religieuse.

Fedwa Misk