Maroc. Le grand oral de Baraka
C’est demain mercredi que Nizar Baraka, ministre de l’Economie et des Finances, passera son grand oral devant le parlement. La Loi de finances 2012 sera en effet débattue à cette occasion, une semaine après son adoption lors du dernier conseil ministériel.
En parallèle, il semble que le gouvernement active le déploiement de sa stratégie sectorielle pour l’emploi. En réponse aux revendications sociales, les diplômés chômeurs bénéficieront d’un « quota » de 7 000 postes budgétaires au titre de l’exercice 2012, avec une priorité pour les signataires de l’accord de juillet 2011, passé sous le gouvernement de Abbas El Fassi. Ces derniers, au nombre de 5 000 diplômés, intégreront la fonction publique sans passer par aucun concours ou évaluation des compétences.
Bien que fortement décriée, le gouvernement Benkirane se trouve en quelque sorte contraint d’appliquer cette mesure de recrutement direct pour calmer l’ardeur des revendications sociales menées par les diplômés. D’autant plus que ces derniers peuvent se prévaloir d’un document officiel signé de la main du précédent chef de gouvernement, Abbas El Fassi.
C’est donc avec quelques « boulets » que le gouvernement Benkirane entame l’exécution de la première loi de finances depuis son investiture. Il devra auparavant passer l’épreuve de l’hémicycle, et justifier les objectifs de la LF 2012 devant des parlementaires qui la jugent d’ores et déjà trop optimiste, et ce malgré quelques révisions à la baisse.
Contraintes sociales
La loi de finances 2012 prévoit ainsi un taux de croissance de 4,2%. Bien qu’inférieur aux 4,8% réalisés en 2011, cet objectif de croissance semble compromis par les signes d’une campagne agricole très moyenne, dans un contexte mondial marqué par les fortes fluctuations des prix des denrées alimentaires et des cours de l’énergie.
Un surcoût que le gouvernement devra gérer en parallèle au lourd dossier de la réforme de la Caisse de compensation, un outil de régulation des prix qui se transforme en véritable gouffre financier au fil des mois…
Toujours dans ce contexte houleux, les investissements publics au titre de la LF 2012 s’élèvent à 188 milliards de dirhams, avec l’engagement du gouvernement de « rationnaliser les dépenses publiques ». Les départements ministériels quant à eux bénéficient de budgets en accord avec les priorités sociales du gouvernement.
51 milliards de dirhams seront consacrés à l’Enseignement et 12 milliards à la Santé. Deux secteurs dont la déliquescence incarne, aux yeux des Marocains, tous les défauts des précédentes politiques gouvernementales. Benkirane ne s’y est pas trompé, il en a d’ailleurs fait l’un de ses principaux thèmes de campagne lors des dernières élections, et se trouve aujourd’hui tenu de respecter ses promesses électorales concernant ces deux secteurs. De même que pour l’emploi.
Au total, la loi de Finances prévoit la création de 27 000 postes budgétaires, incluant les 7 000 postes réservés aux diplômés chômeurs. D’autres solutions devront être trouvées pour résorber le chômage des jeunes, avec ou sans diplôme. Le taux de chômage chez les moins de 34 ans étant autour de 30%.
Un défi de plus pour un gouvernement de rupture qui ne débute pas sous les meilleurs auspices, mais qui devra tout de même trouver le moyen de répondre à la grogne de milliers de citoyens asphyxiés par la précarité de leurs conditions sociales…
Zakaria Boulahya