Maroc. La révision des cahiers des charges de l’audiovisuel à l’origine d’une petite fronde au PJD
Les cahiers des charges de l’audiovisuel continuent d’alimenter la polémique. Après qu’elle se soit installée longtemps dans les deux Chambres du parlement, la voilà qui change de camp et se fraie doucement un chemin au sein de la direction du PJD, y causant une petite fronde.
Certaines positions du gouvernement dirigé par Abdelilah Benkirane ne recueillent pas l’unanimité auprès de membres influents de la direction de la formation islamiste.
La réunion du secrétariat général, dans la soirée du lundi, a donné l’occasion à certains d’exprimer des positions contraires à la décision de leur supérieur hiérarchique de confier la révision des cahiers des charges de l’audiovisuel à une commission ministérielle présidée par Nabil Benabdellah, le titulaire du département de l’Urbanisme et de l’Habitat, et non à Mustapha El Khalfi, le ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, issu des rangs du PJD et de surcroît très proche de Benkirane, à l’origine de toute cette controverse.
Mohamed Bouanou refuse de parler
Les informations dont nous disposons avancent que le chef de file de cette petite fronde serait le PJDiste Mohamed Bouanou. Le Courrier de l’Atlas est entré en contact avec lui, mais il a refusé catégoriquement de répondre à nos questions. Et pourtant, au parlement, le député de Meknès s’est montré hostile à toute concession de la part d’El Khalfi sur les cahiers des charges, menaçant même de battre le pavé pour soutenir le projet de son «frère». Et de rappeler, toujours au parlement, comme l’a déjà fait avant lui Benkirane, que « le printemps arabe n’est pas encore terminé ».
Abdelaziz Aftati n’est pas au courant
De son côté, le député Abdelaziz Aftati nous a assuré n’être « pas au courant que, lors de la réunion, lundi, du secrétariat général du PJD, quelqu’un s’est prononcé sur cette question. C’est un dossier entre les mains du gouvernement et le parti n’a pas le droit de s’y immiscer ».
Mieux, il considère que la présidence de la commission responsable de la révision des cahiers des charges confiée à Nabil Benabdellah « est un gage de crédibilité et de neutralité. Les frères n’ont aucune réticence là-dessus ».
Et d’ajouter que « la prochaine fois, lorsqu’un projet gouvernemental suscite un vif débat comme celui des cahiers des charges de l’audiovisuel, j’aimerais que la commission ministérielle appelée à le réviser soit présidée par un autre ministre et non celui de tutelle ».
Abdelali Hamieddine reconnaît les faits
Abdelali Hamieddine, également membre du secrétariat général du PJD, dans des déclarations à notre site, reconnaît qu’effectivement cette question « était au cœur d’un débat, lors de la réunion, lundi, du SG ». Certains membres se sont ainsi interrogés sur les raisons à l’origine de la nomination de Nabil Benabdellah à la tête de cette commission ministérielle, demandant à Abdelilah Benkirane de leur fournir des explications.
Dans sa réponse, Benkirane a souligné que c’est lui qui a pris cette décision. Le ministre de la Communication, présent également à cette rencontre, n’a montré aucun signe de réticence. Il s’est même dit « convaincu que cette désignation du secrétaire général du PPS va dans le sens de conforter davantage la cohésion de la majorité gouvernementale ».
Par ailleurs, Hamieddine a émis le vœu que la création de commissions de révision de projets ministériels ne concerne pas uniquement les départements dirigés par le PJD.
Mohamed Jaabouk