Maroc – La palmeraie de Marrakech menacée par le tourisme !

 Maroc – La palmeraie de Marrakech menacée par le tourisme !

A Marrakech

Difficile de croire que le rayonnement de la ville ocre lui porte préjudice, mais les faits sont là. La palmeraie de Marrakech agonise, menaçant de faire chuter ce tourisme qui a été à la base de sa renommée… et de sa dégradation.

L’un des plus beaux sites écologiques au Maroc risque de périr dans l’indifférence, après dix siècles d’existence. Que sera donc Marrakech sans sa palmeraie ? Un site urbain dont les habitants pauvres sont délogés vers les périphéries ? Une place mythique qui a perdu ses charmes ? Une ville où essaiment des malls modernes comme il y en a partout ?

Dès lors que le touriste étranger met les pieds à Marrakech, c’est d’abord par la palmeraie millénaire qu’il est fasciné.

Tout autour, des quartiers résidentiels donnent cette vue d’une autre époque sur les majestueux palmiers qui ont vécu l’Histoire du Royaume, mais qui ne survivront peut-être pas à l’homme moderne.

Trop de tourisme tue le tourisme

Il est évident que la sécheresse n’a pas manqué d’atteindre les réserves d’eau de la palmeraie, mais le plus gros des abus a été commis par l’homme.

L’urbanisation sauvage qui a pris la ville d’assaut n’a pas épargné ses réserves naturelles. Pis encore, des projets touristiques pharaoniques avec parcours de golf et piscine qui pompent énormément d’eau, ont parachevé le processus de spoliation de l’oasis.

Dans le climat de la ville ocre, construire ce genre d’Edens revient plus cher qu’ailleurs… et a des conséquences dramatiques. Des centaines de milliers de palmiers s’étendant sur 16 000 hectares sont aujourd’hui menacés de disparaître. La superficie de la palmeraie a diminué de 30% au cours des vingt dernières années !

Nour-Eddine Laftouhi, hydrogéologue à la faculté des sciences de Marrakech, confie ses appréhensions à l’AFP. « Les projets touristiques, malgré tous les bons côtés qu’ils génèrent, pompent énormément d’eau. Cela a un effet négatif sur l’équilibre écologique… Personnellement, je considère la multiplication irrationnelle des parcours de golf comme un crime », déplore-t-il.

Club Med fait partie de ces groupes « criminels » qui détruisent par la soif la vaste palmeraie. S’il est bon pour le tourisme au Maroc d’accueillir ce géant qui se déploie avec ses trois piscines et son golf à l’intérieur même de la palmeraie, il est nécessaire d’en savoir plus sur les dispositions de ce groupe pour préserver son environnement immédiat. Des mesures environnementales et sociales écartées pour l’instant de l’agenda des plus grands privilégiés du tourisme.

Il faut sauver la palmeraie !

En 2007, les autorités parlaient déjà d’un programme de protection de la dite palmeraie. Pour objectif, la plantation de 430 000 palmiers fut programmée pour un an plus tard.

La Fondation Mohammed VI pour l’environnement a amorcé le programme sous la direction d’Abdelilah Mdidech.

« Grâce à la centrale de retraitement des eaux usées, ouverte en 2010, et aux puits qui sont déjà opérationnels, des quantités importantes d’eau seront disponibles », précise-il.

De centaines de nouveaux palmiers sont plantés chaque jour. Les vieux sont entretenus pour ne pas périr. 415 292 jeunes palmiers sont déjà plantés.  

Abdelilah Mdidech reste optimiste : « Je sais que nous n’avons pas les moyens, notamment en eau, pour en faire une palmeraie verdoyante… Mais grâce à ce projet, je peux dire qu’elle sera sauvée ».

Fedwa Misk