Maroc. La majorité menacée d’implosion ?
La majorité gouvernementale serait-elle menacée d’implosion ? C’est pour éviter un tel scénario que les leaders des formations politiques constituant la majorité se sont réunis le week-end dernier, dans une tentative d’apaiser les tensions et d’accorder les points de vue à la veille des élections communales. (Photo AFP)
C’est au domicile du chef de gouvernement, Abdelilah Benkirane, que s’est tenue cette réunion au sommet, en réponse aux doléances des alliés du PJD (Istiqlal, PPS, MP), manifestement irrités par la cacophonie qui caractérise l’action gouvernementale depuis quelques mois.
En effet, force est de constater que les partis alliés ont eu, par le biais de leurs ministres et responsables, des positions différentes, voire contradictoires, sur un certain nombre de dossiers.
Publication de la liste des agréments de transport, financement des festivals et associations,… Autant de sujets à polémique qui ont mis en évidence un certain dysfonctionnement dans l’action gouvernementale.
Lors d’une intervention, le politologue Mohamed Darif a estimé que « les ministres du gouvernement ne recourent pas au droit de réserve, ce qui les pousse à donner des propos en discorde avec la coalition ».
Une véritable tour de Babel
Abdelaziz Rebbah, ministre des Transports, avait été ouvertement critiqué par le PPS, suite à la publication de la liste des bénéficiaires d’agréments de transport.
Lhoucine El Ouardi, ministre de la Santé, n’est plus dans les bonnes grâces de l’Istiqlal depuis qu’il a lancé une inspection financière au sein de son département, géré précédemment par la controversée Yasmina Baddou.
Mustapha El Khalfi, ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, n’échappe pas à la règle et a eu droit à son lot de critiques après avoir annoncé la suppression de la taxe sur la promotion du paysage audiovisuel pour certaines catégories de revenus. Une mesure restée sans suite puisqu’aucune disposition en ce sens ne figure dans l’actuelle Loi de finances. Une Loi ayant d’ailleurs connu un certain retard que les observateurs imputent aux divergences entre le ministre de l’Economie, l’Istiqlalien Nizar Baraka, et le ministre du Budget, Najib Boulif du PJD.
Vers une équipe plus soudée ?
Pour renforcer la cohésion de son équipe, Abdelilah Benkirane a annoncé la création d’une commission chargée de réduire les écarts et d’apaiser les tensions entre les composantes de la majorité.
Présidée par Abdallah Baha, l’homme de confiance de Benkirane, cette commission intervient également à la veille des élections communales. Les enjeux sont d’autant plus cruciaux que les divergences entre le PJD et ses alliés sont encore plus prononcées au niveau régional. Les élus de l’Istiqlal et du PJD se livrant à une bataille acharnée autour de la gestion des affaires régionales, chacun essayant de grignoter des marges auprès de ses électeurs.
C’est pour mettre un terme à ces tiraillements que la nouvelle commission présidée par Baha devra accorder les points de vue entre les quatre partis de la majorité, aux visions certes différentes, mais qui poursuivent les mêmes objectifs politiques…
Zakaria Boulahya