Maroc. La filière textile appelée à évoluer

 Maroc. La filière textile appelée à évoluer

Les textiliens marocains sont appelés à ne plus se cantonner dans un rôle d’exécutant


2012 sera une année charnière pour le textile marocain. Le repli de la consommation observé au sein des principaux marchés cibles a engendré un vaste mouvement d’approvisionnement vers l’Asie, au détriment des confectionneurs du Maghreb en général et du Maroc en particulier. Toutefois, cette réorientation de la demande, principalement motivée par le souci de préserver les marges bénéficiaires, est une tendance qui peut être inversée.




 


Certains signaux positifs laissent entrevoir des opportunités à saisir pour le textile national. A condition de prendre en compte les mutations survenues dans les habitudes de consommation.


Ainsi, alors que l’on pourrait croire que la crise incite les Européens à se serrer la ceinture, une étude de l’IFM (Institut français de la mode) fait ressortir que 53% d’entre eux achètent de préférence des produits de marque, non par snobisme mais plutôt par souci de qualité du tissu, qui implique une plus longue «durabilité» du produit.


Conséquence directe : la part des achats à long terme, créneau privilégié des producteurs asiatiques, est en net repli dans les politiques d’approvisionnement des enseignes de distribution.


Malgré la concurrence des Pays les moins avancés (PMA) tels que le Bangladesh, dont la production s’écoule sur le marché européen sans qu’elle soit grevée du moindre droit de douane, les prémices de reprise laissent augurer d’une réorientation des commandes vers l’approvisionnement de proximité, l’un des atouts du Maroc.


 


Evolution vers la co-traitance


Seulement, l’écrasante majorité des commandes adressées au Maroc se fait en sous-traitance, un modèle qui a longtemps fait ses preuves, mais qui ne donne plus entière satisfaction aux donneurs d’ordre. Il semblerait que l’avenir du textile marocain soit dans la co-traitance.


Pour nos professionnels, cela implique le développement de l’approvisionnement en tissus, mais surtout l’adoption d’une démarche proactive en proposant des produits finis. En clair, on attend des textiliens marocains de ne plus se cantonner à un rôle d’exécutant, mais de se démarquer par leur réseau d’approvisionnement et leur force de proposition.


« Les professionnels européens sont à la recherche de solutions clé en main, d’un apport plus créatif », souligne Gildas Minvielle de l’IFM, pour qui cette évolution du modèle de production est nécessaire à la consolidation de la position concurrentielle marocaine.


De leur côté, les professionnels pestent contre la complexité des outils censés renforcer leur compétitivité. Procédures trop longues et compliquées, réservées essentiellement aux sociétés en bonne santé « alors que les PME du secteur souffrent du manque de financement. J’ai essayé de bénéficier de l’aide et de la garantie de l’Etat mais la CCG a mis deux ans avant de donner suite. Entre-temps, j’avais déjà abandonné mon projet, faute de moyens », déplore un industriel.


C’est d’autant plus regrettable que l’Etat a effectivement mobilisé des fonds importants dans le but précis de renforcer la compétitivité du textile marocain. Une mesure qui n’a pas donné les résultats escomptés, officiels et industriels se renvoyant mutuellement la responsabilité de la fragilité du secteur.


Zakaria Boulahya