Maroc. La croissance économique revue à la baisse

 Maroc. La croissance économique revue à la baisse

Le gouverneur de Bank Al Maghrib

Bank Al Maghrib maintient son taux directeur à 3,25%. Selon son gouverneur, Abdellatif Jouahri, le taux de la croissance économique ne dépassera pas les 5%. Le nouveau gouvernement de Abdelilah Benkirane n’a qu’à revoir à la baisse ses 7% promis lors de sa campagne électorale.

Adieu la hausse du SMIG à 3 000 DH, si les prévisions de Bank Al Maghrib s’avéraient justes. A l’issue de son Conseil d’administration trimestriel, ce dernier a annoncé que le taux de croissance globale pour 2012 devrait se situer entre 4% et 5%.

A ce titre, il a été annoncé le maintien du taux directeur à 3,25%, la révision du taux d’inflation à la baisse de 1.3% à 1% pour 2011 et une vigilance accentuée par rapport à nos échanges extérieurs.

La dépendance économique de l’Europe

Dépendant ? Indépendant ? Depuis le début de la crise, on n’a eu cesse de rassurer le Marocain quant à la situation économique du pays. « Nous sommes à l’abri de la crise, car notre système financier est indépendant de l’Europe », s’entendait-on dire par les financiers et politiques, les très bonnes années agricoles hypertrophiant davantage leur confiance. Quelques mois seulement avant les élections, des doutes commençaient à poindre.

Le gouverneur de Bank Al Maghrib, Abdellatif Jouahri, vient de confirmer la totale dépendance de l’économie marocaine de la crise mondiale et les répercussions directes de la récession de nos partenaires économiques sur les finances du Royaume.

Selon lui, au vu du tableau inquiétant et les soubresauts alarmants des systèmes monétaires les plus solides, il y a matière à craindre le pire.

Chez la plupart des pays européens, les prévisions de croissance ont été revues à la baisse et les risques de récession ont augmenté. Il en résulte une crise de confiance attisée par la dégradation des notations souveraines de plusieurs pays et institutions financières.

Tout ceci ne présage rien de bon pour le Maroc qui, en plus d’être dépendant des échanges extérieurs, est très déficitaire en raison du déséquilibre de ces échanges, l’importation l’emportant largement sur l’exportation.

Restons optimistes !

Le gouverneur de Bank Al Maghrib a relevé dans son analyse, l’inquiétante baisse des réserves de changes. Sur une année, leur encours s’est détérioré de 17 milliards de DH, ce qui équivaut pour Abdellatif Jouahri à de la « destruction de monnaie ».

Rien d’étonnant, les secteurs de l’industrie n’étant pas le fort de l’économie marocaine et les recettes du tourisme ayant carrément diminué de la moitié.

Seuls les transferts des MRE ont augmenté de 8%. Mais étant eux-mêmes directement dépendants de la situation économique mondiale, il ne serait pas judicieux de compter dessus.

Sans oublier d’évoquer les 46 milliards de dirhams de déficit engendrés par le système de compensation, M. Jouahri assure pourtant que la croissance nationale, qui s’est située entre 4 et 5% au titre de l’année en cours, sera maintenue pour l’année prochaine.

Le portefeuille des Finances et de l’Economie héritera de la lourde tâche de garder le cap pour les années à venir, si ce n’est redresser la barre pour conduire le Royaume vers la sécurité d’une croissance rassurante. Le gouvernement Benkirane saura-t-il récompenser la confiance du peuple qui l’a élu ?

Fedwa Misk