Maroc. La Banque Mondiale encourage l’emploi des jeunes

 Maroc. La Banque Mondiale encourage l’emploi des jeunes

Le rapport de la Banque Mondiale révèle que la plupart des jeunes Marocains au chômage n’ont pas fait d’études secondaires. Photo Spencer Platt / Getty Images/AFP.


49 % des jeunes Marocains ne sont ni à l’école ni au travail. Un nouveau rapport intitulé « Promouvoir les opportunités et la participation des jeunes » a analysé les raisons de cette inactivité généralisée et préconise un ensemble de mesures et d’approches centrées sur la jeunesse.

 


Alors que la société marocaine est en profonde mutation, le moment est venu, selon la Banque Mondiale, d’engager un nouveau dialogue social pour permettre aux jeunes d’exprimer tout leur potentiel. Tel est le point de vue de Gloria La Cava, spécialiste des sciences sociales à la Banque mondiale, ayant dirigé la rédaction du rapport.


Les travaux de recherche de la Banque Mondiale ont été achevés peu avant le début du Printemps arabe. Ce rapport montre que les jeunes ont été mis à l’écart des opportunités dont certains secteurs de l’économie nationale ont bénéficié. Un chapitre entier a été consacré au problème de la croissance sans emploi qu’a connue le Maroc et au fait qu’elle ait laissé pour compte toute la jeune génération.


Le Printemps arabe a coïncidé avec la poussée démographique de la jeunesse dans le pays. Les derniers rapports de la Banque mondiale indiquent que l’explosion du chômage des jeunes, aussi bien dans la région MENA que dans le reste du monde, est susceptible d’exacerber les risques de conflit et d’accentuer l’instabilité.


 


Un système éducatif à deux vitesses


Ce rapport révèle que la plupart des jeunes au chômage n’ont pas fait d’études secondaires, voire pas d’études du tout. En outre, seuls 5 % d’entre eux ont suivi des études supérieures. Or, la plupart des programmes destinés aux jeunes sans emploi ciblent les diplômés universitaires, ce qui a eu pour conséquence d’écarter la grande majorité des jeunes chômeurs. « Il faut impérativement rééquilibrer la situation, aussi bien au niveau des solutions proposées pour combattre le chômage qu’au niveau des populations visées par ces politiques », souligne Gloria La Cava.


En matière d’éducation, le système éducatif marocain est à deux vitesses, avec d’un côté l’école privée qui forme les élites en français, et de l’autre l’école publique, qui accueille tous les autres élèves et dispense des cours, essentiellement en arabe. Or, le marché du travail exige la maîtrise de la langue française, ce qui exclut de fait les diplômés du système public.


En outre, les établissements publics sont surchargés et leurs programmes ne répondent pas aux besoins du marché du travail. La réforme de l’enseignement public prendra du temps, c’est pourquoi ce rapport souligne la nécessité de trouver dès aujourd’hui d’autres moyens de faciliter la transition du monde scolaire vers le monde du travail. Il est notamment possible d’agir à travers, par exemple, les dispositifs d’apprentissage ou en favorisant et en investissant dans le micro-entreprenariat ou le travail indépendant.


 


Faire entendre la voix des jeunes


Toujours selon ce rapport, Il est également essentiel de généraliser les partenariats public/privé. « Le problème de ces services est qu’ils font souvent double emploi et qu’ils sont très centralisés. L’état marocain est encore très centralisé et cette centralisation limite l’efficacité des programmes dans les différentes régions du pays », explique Gloria La Cava.


De plus, les différents programmes ne bénéficient d’aucune coordination horizontale ; il est donc difficile de garantir leur complémentarité et l’optimisation de leur portée. Par conséquent, le nombre de jeunes qu’ils parviennent à toucher est très inférieur aux besoins et leur impact amoindri.


Le rapport de la Banque Mondiale préconise donc la collaboration de l’État avec les jeunes dans la recherche de solutions adaptées, et conseille de les faire participer aux prises de décision. L’une des principales recommandations du rapport consiste à soutenir les mouvements représentatifs de la jeunesse et à faire entendre leur voix au sein des organes de décision plus officiels.


« Les pays doivent aider les jeunes qui se sentent exclus à retrouver le chemin de l’emploi. Certains organismes œuvrent déjà en ce sens et les résultats obtenus sont plus qu’encourageants », souligne Gloria La Cava.


L’étude recommande également la recherche d’offres d’emploi à l’aide des technologies mobiles pour permettre aux jeunes d’étendre leurs réseaux professionnels. Elle recommande aussi d’associer les ONG, l’apprentissage par les pairs et les programmes de formation du secteur privé pour compléter les approches existantes.


La Banque mondiale « n’épargnera aucun effort » pour fournir de l’aide au Maroc dans la mise en œuvre de ces recommandations, a assuré la coordinatrice Jeunesse de la Banque Mondiale.


Ahlam Jebbar