Maroc : l’Union européenne dresse le bilan d’une année de politique de voisinage

Dans son rapport sur le royaume, l’Europe estime que le bilan 2010 est globalement positif mais que des progrès sont encore à réaliser dans plusieurs domaines.

L’Union européenne vient de rendre public son rapport annuel 2010 sur la politique de voisinage avec le Maroc. Ce document de 23 pages présente une radiographie des relations entre les deux partenaires et fait le point sur les différents thèmes de la cette collaboration.

D’un point de vue général, les auteurs du rapport considèrent que le bilan de la deuxième année de mise en oeuvre du statut avancé est « globalement positif ». Et de lister les points de satisfaction : « Le 1er Sommet Maroc-UE a eu lieu en mars. Le dialogue politique et la coopération entre l’UE et le Maroc au sein du Conseil des droits de l’homme des Nations unies se sont développés. Il y a aussi eu des avancées en matière de coopération parlementaire, avec, au mois de mai, la première réunion de la commission parlementaire mixte UE-Maroc. En février 2010, le Maroc a demandé le statut de « Partenaire pour la démocratie » auprès de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe. »

 

Toutefois, l’UE juge que des progrès restent à accomplir dans différents domaines : « s’agissant du rapprochement du cadre législatif, le gouvernement n’a pas encore articulé une démarche concertée et cohérente afin d’en déterminer les objectifs prioritaires, la portée et le rythme » soulignent les rapporteurs. Saluant les « avancées importantes » en matière de démocratie et de protection des libertés fondamentales dans les années précédentes, l’UE estime que le tableau est « contrasté » pour 2010. Ainsi, « la levée des réserves à la convention internationale en matière de discrimination contre les femmes, annoncée depuis 2007, n’a pas été traduite par un dépôt des instruments auprès de l’ONU. Les amendements relatifs au droit de rassemblement et d’association proposés par le tissu associatif en juin 2007 n’ont pas encore été repris. Le nouveau code de la presse n’a toujours pas été adopté. Les restrictions à l’encontre des journalistes et des médias continuent. »

En matière de justice, dont la réforme est en cours, le rapport note « qu’il est fondamental que les décisions prises et leur mise en oeuvre soient en ligne avec le haut niveau d’ambition fixé dans les déclarations initiales et avec l’importance politique, économique et sociale de la réforme. » Une justice plus indépendante revêt « une importance primordiale » car elle répondrait à une forte attente soulignée par la société civile.

L’économie marocaine a fait preuve de résistance face à la crise mondiale mais elle souffre toujours d’un manque de compétitivité. Sur les questions sociales, les défis « restent énormes et nécessiteront une action soutenue et cohérente pour permettre un rattrapage des très faibles indicateurs de développement humain et la création d’un système de redistribution des fruits de la croissance fondé sur les droits sociaux. »

Pour 2011, l’UE a pris en compte les annonces officielles de réformes : « si ce haut niveau d’ambition se confirme dans les faits, cette réforme contribuera largement à mettre en oeuvre les valeurs au coeur du statut avancé et les principes proposés par l’UE dans le cadre du Partenariat pour la démocratie et la prospérité partagée. » Elle ajoute qu’il reste à « renforcer la traduction en réalisation concrètes les nombreux engagements pris dans le cadre de ce statut, notamment en matière de rapprochement réglementaire. Il faut aussi « accélérer la mise en pratique des nombreuse réformes annoncées, en particulier dans les domaines politique et social et en matière d’indépendance de la justice. »

 Cyril Bonnel