Maroc. L’opération Transit 2012 compromise
Cet été promet d’être chaud pour les MRE. Le nombre de bateaux assurant la traversée entre les ports européens et le Maroc a été considérablement réduit suite à la débâcle de la compagnie marocaine Comarit-Comanav. Pour désamorcer une éventuelle crise, le ministère des Transports de Aziz Rabbah vient de lancer en urgence un appel d’offre, portant sur l’exploitation provisoire de trois lignes maritimes supplémentaires. (Photo AFP)
C’est une procédure accélérée que compte mettre en place le ministère des Transports, qui table sur une entrée en service des trois lignes dès le 1er mai prochain. Et pour cause. Lors de l’opération de transit 2011, 2,4 millions de MRE sont rentrés au pays, dont plus de 600.000 par voie maritime.
Cette année, le flux des passagers effectuant la traversée à partir des ports européens est amené à se renforcer, conséquence directe de la crise européenne et du repli du pouvoir d’achat des MRE.
L’appel d’offre du ministère précise notamment que l’adjudicataire devra respecter une fourchette de prix fixe, la traversée du détroit de Gibraltar étant considérée comme l’une des plus chères du monde. Bien que la mise en service du port de Tanger Med ait permis de réduire la durée de traversée de moitié, cela ne s’est pas répercuté sur les prix qui tournent autour de 5 000 DH pour une traversée de 14 km.
Les traversées réduites de moitié
D’où l’épineuse équation du ministère des Transports, qui tente dans l’urgence d’apporter des solutions. Alors que l’opération de transit nécessite la programmation d’un bateau par heure, seuls huit bateaux assurent actuellement la traversée vers le sud de l’Espagne, équivalant à une capacité de 8 000 passagers et 3 000 voitures par jour. Soit à peine la moitié de la capacité disponible en temps normal.
A l’origine de cette crise, la saisie conservatoire de 11 bateaux de la Comarit-Comanav pour défaut de paiement. La compagnie maritime marocaine accumule les ardoises des deux côtés du détroit, ses dettes auprès des créanciers européens dépassant les 30 millions d’euros.
Au-delà de l’impact économique et logistique, cette crise prend une tournure tragique puisque près de 500 marins et membres d’équipages marocains sont actuellement bloqués aux ports de Sète et Algésiras. Livrés à eux-mêmes, ne percevant plus aucun salaire de leur employeur, les marins marocains se trouvent contraints d’endurer cet exil forcé en raison d’une particularité du droit maritime : la législation leur interdit de quitter leurs navires sous peine de perdre tous leurs droits !
Les multiples appels à l’aide de ces marins n’ont pas encore rencontré de réponse satisfaisante à leur situation, notamment de la part de l’Etat marocain. A tel point que les membres d’équipages des navires saisis ne doivent leur subsistance qu’à l’action d’associations humanitaires françaises et espagnoles…
Zakaria Boulahya