Maroc. L’opération « mains propres » continue
C’est une véritable chasse aux sorcières que celle que s’apprête à mener le gouvernement PJD, bien décidé à traquer les sources de dilapidation de l’argent public. Après la polémique des agréments de transport ainsi que celle plus récente causée par le rapport de la Cour des Comptes, c’est au tour de la société civile et de ses composantes d’être dans le collimateur du gouvernement. Avec pour objectif une meilleure gestion des subventions de l’Etat, des milliards de dirhams bénéficiant à une poignée d’associations « élues »… (Photo AFP)
Près de 70 000 associations sont actives au Maroc, certaines dans une opacité qui rend difficile tout contrôle des subventions qui leur sont allouées. Pire, « 90% des associations n’établissent pas de rapport financier », s’étonne El Habib Choubani, ministre chargé des relations avec le Parlement et la Société civile, à l’occasion d’une conférence organisée par l’Observatoire national des droits de l’électeur.
« Ce sont 8,8 milliards de dirhams et non de centimes qui ont été alloués aux associations en 2007. 80% de ce budget a profité à seulement 20% d’entre elles », renchérit le ministre, mettant en évidence un réel dysfonctionnement au sein de la société civile, dont le mode de fonctionnement est comparé parfois au secteur informel…
Si Choubani se réfère aux chiffres de 2007, c’est simplement parce que son département ne dispose pas de données plus récentes. Un blackout total entre 2007 et 2012, une période qui coïncide curieusement avec le mandat du gouvernement Abbas El Fassi, certains y voyant la preuve que les montants faramineux engloutis par les associations sont en fait détournés à des fins politiques…
Au Maroc et c’est un secret de polichinelle, plusieurs associations servent de « relais » au pouvoir en place, qui n’hésite pas à favoriser l’éclosion de nouvelles associations « taillées sur mesure » pour véhiculer certains messages ou contrebalancer l’activités de « vrais » militants associatifs.
Les festivals dans le collimateur…
Le ministre chargé des relations avec le Parlement et la Société civile s’interroge également sur la multiplication des festivals culturels et artistiques au Maroc qui voit chaque année l’organisation de plus de 150 manifestations de ce genre.
Selon le site d’information « Hespress », ce sont pas moins de 29 milliards de centimes qui sont consacrés chaque année à ces festivals, provenant essentiellement des caisses des collectivités locales et des établissements publics sponsors.
De l’argent public qui, encore une fois, échappe à tout contrôle, ce qui n’est pas du goût du gouvernement en place, qui semble décidé à aller jusqu’au bout de son opération « mains propres ».
Le comité d’organisation du festival international de musique Mawazine ne s’y est pas trompé. Il y a quelques jours, ce dernier a organisé une conférence dans laquelle il confirmait avoir rompu l’ensemble des contrats de sponsoring liant le festival à des établissements publics, dans une tentative de court-circuiter la polémique alimentée chaque année par le cachet des artistes. Plusieurs voix trouvant « anormal » que de l’argent public serve à régler la participation à Mawazine de Mika (2 millions de dirhams), Sting (5 millions de dirhams), ou encore la star colombienne Shakira (6,5 millions de dirhams)…
Zakaria Boulahya