Maroc. L’éolien a le vent en poupe
Après le solaire, le royaume passe à la vitesse supérieure en matière d’énergies renouvelables. Cinq parcs éoliens, d’une capacité totale de 850 mégawatts, seront activés à partir de 2015. A cet effet, l’ONE (Office national de l’électricité) vient de lancer un appel à manifestation d’intérêt, dont l’objectif est d’identifier une liste restreinte de sociétés à même de soumissionner à ce projet, lors d’un appel d’offres qui sera lancé au cours du deuxième trimestre.
Pour voir le jour, ce projet bénéficie d’un partenariat public-privé entre le Fonds Hassan II, la Société d’investissements énergétiques (SIE), et enfin l’opérateur sélectionné à l’issue de l’appel d’offres.
Fait intéressant, ce projet est intégré selon le schéma BOOT (Build, Own, Operate and Transfer). En clair, l’opérateur désigné (qui peut être un groupement de sociétés) doit construire les parcs éoliens, les exploiter durant une durée déterminée (généralement 20 ans) par le biais d’une concession avec l’Etat marocain qui lui permet de revendre ces précieux mégawatts à l’ONE, avant de « restituer » le parc à l’Etat.
Ce projet s’inscrit dans la stratégie éolienne nationale qui, à l’horizon 2020, permettra au royaume d’exploiter une capacité de 2 000 MW, moyennant une enveloppe budgétaire évaluée à 31,5 milliards de dirhams (toujours dans le cadre de partenariats public-privé).
En recourant à l’énergie éolienne, le Maroc ambitionne de réduire sa consommation d’énergie fossile de 1,5 millions de TEP par an (tonne équivalent pétrole), ce qui représente une économie annuelle de 750 millions de dollars US. D’où les espoirs fondés sur les énergies renouvelables, et qui vont bien au-delà de l’impact environnemental puisque le Maroc importe un peu plus de 95% de ses besoins énergétiques.
Deux poids, deux mesures ?
Ainsi, cinq sites ont d’ores et déjà été identifiés en fonction de leur fort potentiel : Tanger (150 MW), Koudia El Beida (près de Tétouan – 300 MW), Taza (150 MW) et enfin Tiskrad (région de Laâyoune – 300 MW) et Boujdour (100 MW).
A noter que la société qui remportera l’appel d’offres devra développer l’ensemble de ces sites intégrés. Ce qui nous renvoie à une particularité intéressante, spécialement en ce qui concerne les sites implantés dans le sud.
A titre de comparaison, l’une des raisons avancées par Bruxelles pour motiver la non-reconduction récente de l’accord de pêche Maroc-UE est que le royaume exploite « illégalement » les ressources pélagiques des populations sahraouies. En soumissionnant à l’appel d’offres sur l’éolien, les développeurs du Vieux continent risquent de poser un problème de cohérence à Bruxelles en matière de politique européenne unifiée.
La compagnie française GDF-Suez pourrait être l’un d’entre eux. Sa filiale éolienne, la Compagnie du vent, a déjà réalisé en 2000 le premier parc éolien de Koudia El Beida, et devrait livrer cette année un parc de 135 MW à l’est de Tanger, pour un budget de 200 millions d’euros. Du pain béni pour une économie européenne en berne…
Zakaria Boulahya