Maroc. 100 jours, quel bilan ?

 Maroc. 100 jours, quel bilan ?

Durant ces cent jours à la tête du gouvernement


100 jours se sont écoulés depuis la formation du gouvernement Benkirane, début janvier. Un gouvernement de rupture à plusieurs titres – premier exécutif « islamiste », premier exécutif sous la nouvelle constitution, Printemps arabe… – mais qui a su séduire de larges franges d’électeurs par un discours séduisant : démocratie, réformes et vie décente pour tous. (Photo AFP)




 


Et c’est un peu là que le bât blesse. Il est difficile de dresser un bilan des 100 premiers jours du gouvernement, et ce pour plusieurs raisons. Pour commencer, le programme gouvernemental ne reflète pas fidèlement les promesses électorales faites par les partis de la majorité. Des promesses parfois trop optimistes qui se sont heurtées à une conjoncture assez difficile : tensions sociales, sécheresse,…


Pour ne rien arranger, le gouvernement évolue depuis son investiture sans Loi de Finances, celle-ci n’ayant été approuvée que cette semaine. Or, la LF est le principal outil qui permet à un gouvernement de déployer son programme… Un gouvernement dont la majorité, rappelons-le, n’est pas un modèle d’homogénéité, le chef de l’Exécutif ayant dû tenir plusieurs réunions avec ses alliés pour arrondir les angles.


 


Transparence et diplomatie


Ces 100 premiers jours ont tout de même connu quelques signaux forts ainsi que des annonces prometteuses. Libération des détenus salafistes, publication de la liste des bénéficiaires des agréments de transport, déclarations de patrimoine, réforme de la santé, de l’audiovisuel, de la justice…


Le chef de gouvernement, Abdelilah Benkirane, a de son côté multiplié les messages rassurants à destination des investisseurs étrangers – à condition de ne pas mettre d’alcool sur sa table comme l’a précisé Benkirane lors de sa participation au forum de Davos.


En parallèle, on doit reconnaître au chef de la diplomatie Saâdeddine El Othmani d’être sur tous les fronts. Visite historique en Algérie, efforts répétés pour une meilleure intégration régionale,… El Othmani a su durant cette courte période impulser un nouvel élan à la diplomatie marocaine, tout en veillant à diversifier ses partenaires : de la Mauritanie à la Turquie en passant par la Tunisie et l’Egypte, de l’Europe aux Etats-Unis, sans oublier le Japon…


 


Des débuts difficiles


A la décharge du gouvernement actuel, il faut reconnaître que ces 100 jours ont été assez pénibles. La situation économique donne de plus en plus des signes d’essoufflement, et les tensions sociales n’ont jamais été aussi fortes sous le règne de Mohammed VI.


Des diplômés qui s’immolent par le feu, bientôt imités par d’autres mécontents, des villes qui se soulèvent (Taza, Béni Bouayache), le suicide d’Amina Filali,… Autant d’épreuves que Benkirane et son équipe ont traversées avec plus ou moins de bonheur, conscients qu’ils ont encore le « bénéfice du doute » auprès de millions de Marocains. Un état de grâce qui ne saurait durer devant la nécessité d’apporter des solutions concrètes aux problèmes structurels du pays…


Zakaria Boulahya