Maroc. Inauguration en grande pompe de Renault-Tanger
Fleuron de l’industrie automobile, cette nouvelle usine incarne les ambitions marocaines en matière d’industrialisation et de croissance. Avec, à la clé, une appréciation notable en termes d’exportations et de création d’emplois.
C’est aujourd’hui qu’a lieu l’inauguration officielle de la nouvelle usine Renault à Tanger, dans le nord du Maroc. Une inauguration « royale » puisque le coup d’envoi de la production sera donné par le roi Mohammed VI accompagné de Carlos Ghosn, PDG de Renault-Nissan. Ce qui constitue en soi une reconnaissance avant l’heure de l’importance de cette usine, aussi bien pour le Maroc que pour la stratégie de développement de la firme au losange.
Néanmoins, le premier syndicat du groupe Renault, la CFE-CCG, voit cette usine d’un mauvais œil. Dans l’une de leurs déclarations, des responsables du syndicat estiment que « Renault ne doit pas abandonner sa base française et son marché européen en se positionnant prioritairement sur les véhicules d’entrée de gamme ».
En effet, l’usine se positionne sur l’entrée de gamme de la marque Dacia, avec la production du Lodgy, un monospace de cinq à sept places, en attendant de lancer une deuxième chaîne de production consacrée à la version Dacia de la Renault Kangoo.
Pour l’heure, la capacité de production de Renault Tanger tourne autour de 30 véhicules par jour. Une cadence qui connaitra une montée progressive pour atteindre 60 voitures par jour, soit un véhicule par minute ! Le plan de développement prévoit une production de 170 000 unités cette année, pour doubler en 2013 avec la mise en service de nouvelles chaînes de production.
Un levier de croissance pour le Nord
Incarnant le nouveau visage de l’industrie marocaine, l’usine Renault Tanger a bénéficié d’un investissement de près de 600 millions d’euros, dont 60 millions ont été versés par l’Etat marocain sous forme de prime d’investissement.
Un investissement stratégique à plusieurs titres. En termes de recrutement, l’effectif actuel est de 2 300 personnes, dont 10% d’expatriés. A terme, ce ne sont pas moins de 6 000 emplois directs et 30 000 indirects qui seront créés dans la région. Si le taux d’intégration locale est actuellement de 45%, le management du groupe Renault ambitionne de le porter à 85%.
Les retombées économiques sont également non négligeables. Au maximum de sa capacité, la nouvelle usine permettra de générer la bagatelle de 3,5 millions d’euros d’exportations. Du pain béni pour une économie marocaine qui souffre de l’aggravation du déficit de sa balance commerciale.
En termes de développement durable, Renault Tanger est l’une des usines les plus « écolos » de la planète. Lors de sa conception, tout a été pensé pour réduire autant que faire se peut l’empreinte environnementale de cette activité industrielle. L’usine se caractérise notamment par un rejet de CO2 et d’eaux usées proches de zéro ! Les chaudières de l’usine sont quant à elles alimentées par biomasse. Quatre silos géant ont été installés à cet effet, approvisionnés en déchets de bois importés d’Europe. Une solution temporaire puisque des plantations d’arbres au Maroc permettront d’alimenter ces silos dans quatre ans.
Zakaria Boulahya