Maroc : Hit radio fête 5 ans de libre antenne

Depuis 2006, le paysage radiophonique marocain a profondément changé. Hit Radio en est l’un des exemple : la station, en dépit des entraves, est parvenue à se hisser au rang de station préférée des moins de 25 ans. Elle fête ses 5 ans mardi 17 mai. 

 

« Génération libre », le slogan de Hit radio, n’est pas la dernière trouvaille de Younès Boumehdi, le patron de la station, pour coller à l’actualité de la rue au Maroc. Génération libre, bien au contraire, est l’ADN de la radio depuis longtemps, à l’image de son animateur vedette Momo. Car ce qui se passe aujourd’hui au Maroc, Younès Boumehdi l’a senti depuis presque 20 ans. « Au début des années 1990, il n’y avait aucun espace de libre expression pour la jeunesse marocaine, se souvient Younès Boumehdi. Or, à cette époque, le gouvernement avait laissé entendre qu’une ouverture médiatique serait possible. « C’est à ce moment là que j’ai commencé un intense lobbying auprès des pouvoirs publics en écrivant très régulièrement aux autorité pour les sensibiliser à la nécessité de créer une radio capable de donner la parole aux jeunes ». Particulièrement tenace, le jeune homme – il a aujourd’hui 40 ans – obtient finalement satisfaction 13 ans plus tard lorsque les autorités finissent pas lancer une consultation pour d’octroyer des licences radios aux opérateurs privés.

 

A 40 ans, Younès Boumehdi n’a pas de quoi rougir de son bilan. Certes, les difficultés en tout genre ont jalonné le parcours du jeune entrepreneur : d’abord financières pour rassemble le million d’euro nécessaire au lancement, auprès des proches et des banques. Il y eu aussi les accrocs liés à la libre antenne. A deux reprises, le « gendarme » des ondes a frappé du poing sur la table. « A la suite d’une prise de parole qui n’avait rien de grossier ou de provocateur au cours de notre libre antenne, nous avons écopé de 100 000 DH d’amende » raconte le patron. Une somme particulièrement lourde pour une entreprise encore fragile. En cause : le témoignage de la victime d’un viol. Deuxième sanction quelques temps plus tard, toujours pour un motif de « moralité » : 15 jours de suspension d’antenne. Avec le recul, le jeune entrepreneur estime que les auditeurs ont mûri, au même titre que la radio.

 

Une chose est sûre : le concept de libre antenne est désormais bien installé dans la tête des auditeurs marocains. Aujourd’hui, la radio se classe numéro un parmi les moins de 25 ans. Son cocktail mêlant « hits et talk » est aussi apprécié des moins de 35 ans : Hit radio vient talonner le leader Radio 2M sur cette cible. Ses projets pour les prochains mois ? Développer le web, lancer une appli Hit radio pour webphone, gagner de nouveaux auditeurs en augmentant le nombre de fréquences, lancer une deuxième station et pourquoi pas tenter sa chance sur le petit écran. Si le régulateur venait à relancer le processus d’attribution de fréquences télé au privé, Younès Boumehdi sera à coup sûr de la partie.

Cyril Bonnel