Maroc. Hausse des prix : les carburants s’enflamment
« L’Etat ne peut continuer à supporter les charges actuelles ». Une déclaration on ne peut plus claire de Najib Boulif, ministre des Affaires générales et de la gouvernance, qui laisse augurer d’une imminente hausse des prix au Maroc. Les combustibles devraient être les premiers produits concernés. (Photo AFP)
Les fluctuations des cours des matières premières ont eu un effet certain sur le trésor public, déjà mis à mal par une conjoncture 2012 assez difficile : le déficit commercial se creuse, la campagne agricole s’annonce moyenne dans le meilleur des cas, avec en toile de fond les tensions sociales qu’a connues le pays au lendemain du Printemps arabe.
Bien que ces revendications ne soient pas aussi « virulentes » que celles observées dans d’autres pays du Maghreb, les membres du gouvernement sont conscients qu’ils doivent marcher sur des œufs pour maintenir une certaine paix sociale, quitte à « acheter » cette paix.
Le recours à la Caisse de compensation pour subventionner les prix a longtemps été l’outil idéal de régulation. Sauf que l’Etat se voit contraint de lâcher du lest, en commençant par le secteur énergétique.
Effet boule de neige
Selon des professionnels du secteur, le gasoil et le super sans plomb figurent parmi les premiers produits concernés par cette hausse. Dans les trois mois qui suivent, à la veille du retour de nos MRE, les prix à la pompe du gasoil devraient connaître une augmentation de 0,50 DH et le super sans plomb une hausse de 1 DH. Le fuel industriel est également concerné par cette hausse, au grand dam des industriels.
Bien que ces mesures n’aient pas encore été rendues officielles, elles provoquent déjà une vague de panique parmi les consommateurs marocains, conscients que toute hausse des prix de l’énergie, aussi bien le carburant à la pompe que le fuel industriel, ne manquera pas de se répercuter sur les prix d’autres produits de première nécessité.
Premier test pour le gouvernement ?
Toute « rationnelle » qu’elle soit, la décision d’augmenter les prix des hydrocarbures nécessitera de gros efforts de communication et de sensibilisation. Première mesure impopulaire du gouvernement, les observateurs considèrent aussi cette hausse comme le premier véritable test de l’Exécutif PJD, l’occasion notamment de démontrer sa capacité à gérer des crises de cette ampleur en tenant compte des impératifs sociaux, ce en quoi les précédents gouvernements ont tous échoué.
La partie s’annonce tendue, les premières estimations de l’enveloppe de compensation pour 2012 tournant autour de 62 milliards de dirhams ! Un gouffre dans les finances publiques qui est amené à se creuser encore plus : la Loi de finances 2012 table sur un prix moyen du baril de pétrole à 100 dollars US. Valeur aujourd’hui, le baril de Brent se négocie autour de 125 dollars…
Zakaria Boulahya