Maroc – Elections 2011 : une campagne cybernétique !

 Maroc – Elections 2011 : une campagne cybernétique !

L’entreprise Meta (Facebook, WhatsApp et Instagram) est accusée de censurer les voix pro palestiniennes

Nul besoin de descendre dans la rue pour voir défiler les candidats aux élections législatives. Les partis politiques investissent internet dans une tentative timide d’approcher les internautes, cet électorat qui, au Maroc comme partout depuis le Printemps Arabe, est en train de changer son monde.

Mieux vaut tard que jamais ! Des hommes politiques qui ont des blogs au Maroc, ça se compte sur le bout des doigts, mais la présence sur les réseaux sociaux devient importante, voire incontournable. Entre facebook et twitter, c’est plus d’un million de Marocains qui peuvent accéder à l’information émise par simple clic. Si l’on est loin d’en finir avec les coupons, les rassemblements et les prises de contact physiques, on peut d’ores et déjà pressentir la place qu’occupera la communication politique cybernétique à l’avenir.

Un tour sur la toile

Des extraits d’émissions télé sont revus à l’infini, commentés, raillés ou soutenus. Des affiches électorales sont partagées sur facebook, sur les pages officielles des partis politiques. Les programmes électoraux sont partagés sur les blogs avec analyses et critiques à l’appui. Internet est en effet un environnement favorable au débat, qui reste toujours méconnu de la plupart des hommes politiques.

Sur twitter, les discussions sont animées et plutôt virulentes. On y assiste à la décortication du discours politique et au bannissement de la langue de bois. Chose que les partis politiques, ou du moins leurs community managers, n’arrivent pas encore à gérer. On assiste également à des échanges insolites ou drôles :




PJDAnfa PJD Anfa

@USFPofficiel @USFP2011 Bienvenue sur la twittoma ! Ravis d’avoir l’USFP pour contribuer à enrichir le débat sur la toile.

 USFPofficiel USFP

@PJDAnfa Bienvenue chers amis. Que le meilleur gagne et, si vous le permettez, sur ce terrain vous pouvez compter sur nous pour l’emporter

Des fois, il s’agit d’offensives directes :

Parti Authenticité & Modernité, (Page officielle)

Le #PJD inquiète les investisseurs marocains et étrangers en prônant la banalisation d’Al Adl Wal Ihssan #attitudemunichoise #Intikhabates

 

Des Politiques 2.0

Quand on est ministre et qu’on va sur Twitter, un LOL d’usage s’impose. Adopter le langage usuel est un critère essentiel d’admission dans la sphère, mais surtout se défaire du discours guindé et sophistiqué face aux revendications claires d’un électorat en demande d’explication. « Les partis doivent établir un plan de communication sur toute la législature et non seulement à quelques semaines des élections. Cette constance permettra d’expliquer aux militants et à la base populaire le pourquoi des décisions. Et apportera une transparence aux processus de prise de décision et dissipera les malentendus », explique Marouane Harmache, blogueur, consultant Directeur de projet Systèmes d’information, qui s’occupe entre autres de la veille cybernétique, des réseaux sociaux, de l’intelligence économique et de la E-réputation.

Ahmed Reda Chami, ministre USFPiste de l’Industrie semble avoir saisi cela il y a des mois. Sa E-réputation s’en sort plutôt bien. Ses déclarations directes sur twitter et son interactivité avec la jeunesse au pic de la révolution arabe sont à compter pour lui. Rapidement, il passe aux prouesses oratoires sur youtube et sur facebook où il communique sur toutes les actions entreprises par son cabinet et implique les internautes dans la réflexion sur les questions dépendantes de son ministère.

Moncef Benkhayat, lui, n’est pas en reste. Toujours actif, même après avoir déçu les internautes par ses déclarations sur les révolutions, son domaine le maintient au centre d’intérêt de la jeunesse. En effet, le ministre des Sports et de la jeunesse est omniprésent, communiquant sur la toile et survivant aux critiques acerbes adressées par ses « followers ».

Beaucoup d’autres politiques ont vite fait de déserter la toile à cause de cette proximité dangereuse du citoyen. Les partis politiques sont sporadiquement présents sur le web. Tous ont des sites mais très peu sont actualisés en dehors de la période électorale.

Dans les médias sociaux, les partis présents sont soit officiels et réservés, soit en décalage par rapport aux utilisateurs parfaitement connaisseurs des méandres du nouveau monde. Il reste néanmoins sûr que ce n’est que partie remise, car l’avenir est à la liberté, à l’interaction et à l’évaluation directe de l’homme politique de la part de la base populaire.

Fedwa Misk