Maroc. Economie : les grandes lignes du programme gouvernemental
Le programme du nouvel Exécutif sera dévoilé jeudi prochain, dans l’attente de son adoption au Parlement. Pour être à la hauteur des défis et des attentes de millions de Marocains, ce programme se devra d’être non seulement innovant, mais également en phase avec les promesses électorales des partis constituant la coalition gouvernementale. Invité de France 24, Nizar Baraka, ministre de l’Economie et des Finances, a révélé les grandes lignes de l’action du gouvernement Benkirane.
Commençons par les problématiques. La particularité de cet Exécutif est qu’il évolue dans un contexte international marqué par l’instabilité. D’un côté, la mouvance du Printemps arabe et son lot de revendications sociales, mais aussi la crise de l’euro dans laquelle s’enlisent les principaux partenaires commerciaux du Maroc.
« La situation en Europe aura certainement des retombées sur notre économie, particulièrement en termes de création d’emploi », précise le ministre. Parmi les pistes avancées : diversifier les partenaires commerciaux du royaume, mais également « pérenniser et renforcer la croissance interne, en soutenant d’abord la consommation intérieure et en développant les investissements privés et publics ».
Sur ce dernier point, Nizar Baraka insiste sur deux grands axes : la poursuite de la politique des grands chantiers, initiée par le roi, et un soutien renforcé aux PME et TPE, faisant écho aux doléances des membres de la CGEM (le patronat marocain). « Nous comptons également ouvrir de nouvelles perspectives à l’économie sociale et solidaire », ajoute le ministre.
Sus à la corruption
En termes d’emploi, le gouvernement Benkirane a mis la barre très haut, annonçant la création prochaine de centaines de milliers de postes. Un objectif que beaucoup qualifient de surréaliste dans le contexte actuel, sa réalisation étant tributaire d’un taux de croissance avoisinant les 7%.
Nizar Baraka ne semble pas de cet avis : « Les différentes stratégies sectorielles mises en place sous les anciens gouvernements doivent être modernisées, plus cohérentes entre elles, pour atteindre cet objectif. »
Mais c’est sur la bonne gouvernance qu’a insisté le ministre de l’Economie : « Son amélioration se répercutera directement sur le PIB. Des études ont démontré que le défaut de gouvernance coûte au Maroc 2 points de PIB par an. »
C’est un secret de polichinelle, la corruption et le clientélisme sont des fléaux qui caractérisent l’économie marocaine. Des actions seront menées sur le plan législatif – à l’instar de l’activation de la loi sur la déclaration de revenus – ainsi que « la réduction du pouvoir discrétionnaire de l’Administration, par la mise en place de procédures claires, avec l’aide des nouvelles technologies ».
Augmentation du Smig ?
Toutefois, c’est la question des salaires qui suscite le plus l’intérêt d’une large frange de Marocains, l’augmentation du Smig ayant constitué l’un des thèmes phares de la campagne électorale du PJD.
La réponse de Nizar Baraka sur ce point ne laisse aucune équivoque : « Les partis de la coalition gouvernementale sont solidaires et nous estimons que la confiance des citoyens est le socle de notre plan d’action. Les promesses électorales doivent être tenues. Toutefois, l’application de ces promesses doit se faire dans le cadre d’un dialogue entre les différentes parties prenantes, institutionnels et partenaires sociaux, pour définir les modalités de la mise en application de notre plan. Concrètement, nous comptons consacrer une partie du PIB à ce plan d’action, dans le cadre d’une distribution plus équitable des richesses, en accordant une attention particulière à la classe salariale. »
Zakaria Boulahya