Maroc. Démantèlement d’un réseau terroriste aux connexions internationales
En l’espace de presque un mois, les services de la sûreté sont parvenus à neutraliser deux cellules terroristes. La première, le 9 avril, lors de l’arrestation de trois personnes originaires d’Agourai, près de Meknès, qui s’activaient sur internet pour propager leurs idées extrémistes. Et la seconde, samedi 5 mai, avec le démantèlement du « Mouvement des moujahidines au Maroc ». (Photo AFP)
Un réseau terroriste vient d’être démantelé au Maroc. Le samedi 4 mai, un communiqué du ministère de l’Intérieur annonce, avec peu de détails, que les services de la Brigade nationale de la police judiciaire (BNPJ) ont procédé à l’arrestation d’un groupe intégriste, « dirigé par un membre influent du « Mouvement des Moujahidines au Maroc » ». Une nouvelle enseigne terroriste qui s’ajoute au Groupe islamique des combattants marocains, mis en cause dans les attentats de Casablanca en 2003 et ceux du 11 mars 2004 à Madrid.
Connexion avec le Hezbollah
C’est la première fois que le Mouvement des Moujahidines au Maroc est directement cité, et de cette envergure, dans une affaire de terrorisme. « Une organisation créée en 1983 par Abdelaziz Nouâmani, un ancien membre de la Chabiba islamique, soupçonné d’être impliqué dans l’assassinat, en 1976, de Omar Benjelloun, le leader de l’USFP. Contraint de quitter le Maroc, il était à cheval entre Paris, Bruxelles et Liban. Au pays du cèdre, il a noué des liens étroits avec le Hezbollah, très proche de l’Iran », explique Driss Ganbouri, spécialiste des groupes islamistes.
Implication dans les attentats de 2003
Au milieu des années 90, Abdelaziz Nouâmani décède et son mouvement disparaît des radars de l’actualité avant de refaire surface lors des attentats du 16 mai 2003 de Casablanca. Et pour cause, « Mohamed Enaggaoui, un de ses membres, y est impliqué. Il a été condamné à 20 ans de prison. Actuellement, il est détenu à la prison de Kénitra », poursuit Ganbouri.
Même son de cloche auprès de Mohamed Benhammou, juriste et président de la fédération africaine des études stratégiques, qui assure que « ce mouvement est accusé d’être l’auteur des actes terroristes de 2003 ».
Le nom du Mouvement des Moujahidines du Maroc est également cité dans le réseau Belliraj, démantelé en février 2008. « Abdelkader Belliraj a adhéré à cette organisation. Une adhésion qui lui a permis d’effectuer des stages militaires chez le Hezbollah libanais. Une autre preuve de plus sur la connexion entre les deux parties », précise Driss Ganbouri.
Une première au Maroc
Par ailleurs, c’est la première fois que les services de sécurité annoncent l’arrestation d’un membre influent d’une organisation terroriste ayant « fait « l’objet de mandats de recherche nationaux et internationaux, en 2003 et 2010 » et « tissé des liens avec des parties et organisations terroristes internationales, a réussi à introduire une quantité d’armes sur le territoire national avec la complicité d’autres membres de cette organisation en vue de son usage dans l’exécution de leurs projets terroristes », selon les termes du communiqué du ministère de l’Intérieur.
Il est fort probable que les prochaines heures devraient connaître la publication de plus amples données concernant les circonstances du démantèlement du Mouvement des Moujahidines du Maroc, d’autant que le communiqué a fait état de l’introduction de « quantité d’armes ». La dernière fois que les services de la sûreté ont annoncé ce genre d’information remonte, justement, au démantèlement du réseau Belliraj, en février 2008.
Mohamed Jaabouk