Maroc. Débat houleux sur les Finances
Le ministre de l’Economie et des Finances Nizar Baraka a reçu un accueil mitigé lors de sa présentation hier jeudi de la Loi de finances 2012. Les parlementaires de l’hémicycle restent divisés sur la portée des mesures prévues au titre de la LF 2012, alors que le pays ainsi que ses principaux partenaires ne commencent pas l’année sous les meilleurs auspices. (Photo AFP)
Durant son exposé au parlement, Nizar Baraka a tenu à rappeler les trois axes principaux de cette loi de finances : « Renforcer l’Etat de droit et la bonne gouvernance, maintenir les équilibres macro-économiques et initier les bases d’une croissance durable en tenant compte de la crise internationale, garantir à tous les citoyens un accès équitable aux services de base, sur fond de solidarité et d’égalité des chances ».
Trois grandes composantes résumant les orientations générales du gouvernement, qui essaye de traduire son intérêt pour le volet social en mettant en place une série de mesures dans le cadre de la LF 2012, laquelle prévoit un taux de croissance de 4,2% cette année.
Le ministre de l’Economie a ainsi confirmé hier que « les diplômés bénéficieront de 60% des emplois créés au titre de la loi de finances, qui s’élèvent à 26 200 postes ». Pour atteindre cet objectif, l’investissement public est appelé à contribuer et c’est ainsi qu’il sera doté d’un budget de 188 milliards de dirhams.
D’autres mesures similaires figurent dans les multiples paragraphes composant la LF 2012, notamment en faveur du monde rural qui bénéficiera d’une enveloppe globale de 20 milliards de dirhams.
L’hémicycle divisé
Les parlementaires des groupes de la majorité ont accueilli avec une bienveillance prévisible les dispositions générales exposées par Nizar Baraka. Mohamed Ansari, président du groupe parlementaire de l’Istiqlal (majorité), estime que « la LF 2012 reflète les efforts du gouvernement pour préserver le pouvoir d’achat des citoyens ainsi que l’intérêt particulier porté au monde rural ».
Quant aux parlementaires du parti de Benkirane, ils retiennent le caractère « ambitieux » de cette loi de Finances qui fait le choix d’augmenter le budget réservé aux investissements publics, dans un contexte international marqué par la hausse des prix et la récession économique touchant les principaux partenaires commerciaux du Maroc.
C’est justement le principal reproche des parlementaires de l’opposition. Ils estiment que toute ambitieuse qu’elle soit, cette loi de finances ne tient pas assez compte du repli de l’environnement économique externe, et encore moins de composantes endogènes de l’économie nationale. Donnant l’exemple de la sècheresse qui s’abat sur le pays, et qui réduit jour après jour l’espoir de sauver la campagne agricole et ce en dépit des importantes subventions du Plan d’urgence mis en place par le gouvernement.
C’est ainsi que Abdelaziz Wahbi du PAM (opposition) estime que « le gouvernement présente des solutions inadéquates à certains problèmes comme la crise qui frappe le secteur agricole ».
Même son de cloche de la part du RNI, Rachid Talbi Alami qualifiant la Loi de finances 2012 du gouvernement Benkirane de « copie de la LF préparée en de toutes autres circonstances par le précédent gouvernement », faisant allusion au projet de Loi présenté sous l’ancien exécutif par Salaheddine Mezouar, l’actuel SG du RNI.
Mezouar qui se fait curieusement discret ces derniers jours, comme s’il se désintéressait du débat politique, alors que certains observateurs voyaient en lui le chef de file d’une opposition constructive. Selon des médias marocains, Salaheddine Mezouar aurait multiplié les allers-retours entre le Maroc et les USA ces derniers temps, et serait en pleine négociation pour intégrer la Banque mondiale…
Zakaria Boulahya