Maroc. Conseil gouvernemental, dernière ligne droite

 Maroc. Conseil gouvernemental, dernière ligne droite

Les négociations des chefs de partis avec le PJD concernant la constitution du nouveau gouvernement alimentent beaucoup de rumeurs. Photo Abdelhak Senna / AFP.

C’est aujourd’hui que le Conseil du gouvernement valide son programme dans sa version finale. La commission interministérielle constituée à cet effet a rendu sa copie, après avoir tenu compte des propositions et remarques issues des différents ministères.

 

Sauf changement de dernière minute, le palais royal ayant pris connaissance du programme la semaine dernière, les grandes lignes annoncées par Abdelilah Benkirane et sa task force devraient être maintenues.

La gouvernance et le maintien des équilibres macro-économiques occupent une place de choix dans la feuille de route du nouvel Exécutif. L’Audit des établissements publics et le renforcement du pouvoir de la Cour des comptes constituent à ce titre les mesures phares pour améliorer le classement du pays en matière de bonne gouvernance, de même que la généralisation des mécanismes de déclaration de patrimoine et la lutte contre la corruption, « sans toutefois lancer de chasse aux sorcières », a précisé Mustapha El Khalfi, ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement.

Sur la question des agrégats économiques, les membres de l’Exécutif tablent sur un taux de croissance « raisonnable » de 5,5%, tout en maintenant le déficit budgétaire et l’inflation à respectivement 3 et 2%.

Le programme de Benkirane prévoit également la création annuelle de 20 000 postes dans la fonction publique… tout en limitant la masse salariale à 10% du PIB (contre 10,3% actuellement). La réforme de la fiscalité et l’instauration d’un impôt de solidarité sont les principaux leviers qui permettraient à l’actuel gouvernement de réaliser ces prouesses.

 

Emploi, santé et éducation avant tout

C’est sur l’épineuse question de l’emploi que les attentes des Marocains se font les plus pressantes. L’objectif annoncé par le gouvernement, à savoir la création annuelle de 200 000 emplois, passera par le renforcement des investissements publics et privés.

Une équation difficile au regard du déficit qui se creuse, tant celui du budget qu’au niveau de la balance commerciale, dans un contexte marqué par l’instabilité des prix des commodités et la perte de vitesse des principaux partenaires commerciaux du Maroc. Sans oublier le chantage à l’emploi exercé par les diplômés chômeurs, qui refusent d’emblée le recours aux programmes type formation-insertion en vue de leur intégration dans le privé.

La santé et l’éducation, secteurs en déliquescence par excellence, devraient par contre bénéficier de solides mesures dans le cadre de la nouvelle feuille de route. Généralisation du Ramed (Régime d’assurance maladie aux démunis), accès plus « démocratique » à des prestations de santé de qualité figurent en bonne place dans le programme du gouvernement.

Même approche concernant l’éducation : révision des programmes, lancement de chantiers pilotes tels que « l’école publique de l’excellence » et mise en place d’un programme de lutte contre l’analphabétisme, en vue de sa suppression à l’horizon 2020.

Un programme ambitieux, réaliste sur certains points, mais fantaisiste sur d’autres et ce du propre aveu des institutionnels. A ce titre, le dernier rapport de Bank Al Maghrib (Banque centrale marocaine) remet en question certains objectifs du gouvernement, notamment en ce qui concerne l’aggravation des déficits et du taux de chômage. Reste à espérer que Benkirane ait la baraka…

Zakaria Boulahya