Maroc – Coalition surprise de 8 partis politiques
A seulement quelques semaines des législatives anticipées, 8 partis politiques marocains, issus de courants différents, ont annoncé la formation d’une « coalition pour la démocratie ». Il s’agit du Rassemblement national des indépendants (RNI), de l’Union constitutionnelle (UC), du Mouvement populaire (MP), du Parti Authenticité et modernité (PAM), du Parti socialiste (PS), du Parti de la Gauche verte (PGV), du Parti travailliste (PT) et du Parti de la Renaissance et de la Vertu (PRV).
Ce regroupement fort hétérogène est censé relier, autour d’un projet commun, des partis de sensibilités tout à fait différentes, en veillant à ce que chaque parti conserve son indépendance et la souveraineté de ses organes de décision. En effet, le seul dénominateur commun est d’avoir soutenu le projet sociétal pour la démocratie et la modernité, selon les propres déclarations des partis, faites hier à Rabat.
L’annonce de cette coalition semble avoir pris de court certains membres de la Koutla, même si l’alliance des quatre, composée du RNI, MP, PAM et UC avait déjà exprimé son intention de s’élargir à d’autres partis. C’est que l’adhésion à la coalition du Parti socialiste et de la gauche verte survient à seulement quelques jours après leur annonce solennelle de leur engagement dans le cadre du pôle de gauche. Au sein de cette même Koutla, l’USFP se montre fort récalcitrant aux sirènes des partis libéraux, qui sont à la tête de la coalition. Cependant, Salaheddine Mezouar ne rate pas une occasion pour faire la cour au parti de la Rose « pour qui nous vouons beaucoup de considération et de respect », affirme-t-il.
Un patchwork politique intrigant
Le libéralisme, la gauche et l’idéologie islamique ont trouvé un terrain d’entente au grand étonnement de l’observateur lambda. Les partis regroupés n’ont cessé de scander en chœur que la coalition est basée sur un projet de société, plutôt que sur une idéologie particulière, et qu’elle n’a pas pour objectif de contrer un quelconque autre groupement. Ils ont déclaré leur ferme intention de participer à la conception et à la mise en place de mécanismes permettant de converger les différents points de vue et positions. Il paraît en effet judicieux d’essayer d’éviter les contradictions que pourraient engendrer les orientations idéologiques divergentes des partis.
Avec un discours axé sur les projets en commun, les partis ont annoncé les grandes orientations de leur coalition qui ne fait que reprendre les grands chantiers déjà en court : la lutte contre la pauvreté, l’emploi des jeunes, la promotion des droits de l’Homme, la mise en marche du processus de régionalisation… Un contenu pas mal rabâché, trahissant la rapidité de cette entreprise, même si l’on ne cesse de répéter que les objectifs de la coalition ne sont pas électoraux.
Quoi qu’il en soit, les futures actions seront purement et inéluctablement électorales. Les réunions de la coalition devront porter sur la possibilité de présentation de listes communes aux élections et sur l’éventuelle création d’un groupe parlementaire commun. Le paysage politique est certes déjà bouleversé ainsi, mais le meilleur est à venir avec un PJD et un Istiqlal qui pourraient envisager un rapprochement.
Fedwa Misk