Maroc. Chômage, les mesures du patronat
2012 est décrétée année de l’emploi. Gouvernement, partenaire sociaux, centrales syndicales,… Tous s’accordent à mettre en commun leurs ressources pour contribuer à la résorption du chômage et atteindre le taux de 8% à l’horizon 2016, comme cela a été annoncé dans le programme gouvernemental.
Le patronat, acteur majeur de toute politique de recrutement, a ainsi tenu à présenter de nouvelles mesures en faveur de la promotion des ressources humaines du royaume, lors d’un point de presse organisé par la CGEM (Confédération générale des entreprises du Maroc).
L’innovation majeure de ce programme consiste en l’instauration d’un contrat Première Expérience (CPE) en CDD avec une période d’essai de 6 mois, sur une durée maximale de 24 mois, rémunéré selon un salaire équivalant ou dépassant le Smig.
Destinée en priorité aux niveaux bac et bac +2, cette mesure devrait, selon le patronat, être accompagnée d’une réduction forfaitaire de l’IS (impôt sur société) de 15 000 DH par an et par jeune diplômé.
L’amélioration de l’employabilité est également l’une des mesures phares de la stratégie de la CGEM. Pour combler l’écart entre les besoins du marché de l’emploi et la formation, l’employabilité sera renforcée à travers la formation en alternance ainsi que des formations courtes dans des filières techniques, de gestion et commerciales.
De plus, le patronat compte institutionnaliser le stage en entreprise. Les stages deviendront obligatoires pour tout étudiant quelle que soit la filière, et devront constituer un minimum de 25% de la durée de scolarité.
Des mesures empreintes de logique et de bon sens mais dont l’application n’est pas acquise, surtout dans le contexte actuel. Les diplômés chômeurs ayant à maintes reprises signifié leur refus catégorique de toute opération de reconversion ou même de recrutement dans le secteur privé, et ce, malgré l’inadéquation de leur formation par rapport au marché du travail.
Rétablir la confiance
Les patrons ne perdent pas espoir pour autant. Afin de rétablir la confiance dans le secteur privé, cette approche devra être généralisée aux autres syndicats.
Concrètement, les partenaires sociaux devront, comme l’a expliqué Jamal Belahrach, président de la commission Emploi au sein du patronat, s’attaquer à trois dossiers prioritaires. Il s’agit de la révision du code du travail, l’adoption d’un texte d’application du droit de grève et la promotion des conventions collectives.
Au sujet du droit de grève, la CGEM a déjà élaboré une proposition de texte soumis au gouvernement, et dont elle attend toujours la réponse. « Il est largement temps de sortir ce texte pour pacifier le territoire économique », souligne M. Belahrach.
S’agissant des conventions collectives, dont le Maroc ne compte actuellement qu’une quarantaine en tout, d’après le responsable patronal, un consensus commence à se dégager quant à leur
promotion.
Pour activer ces mesures, la CGEM a soumis l’idée d’un sommet social qui réunirait autour d’une même table l’ensemble des acteurs, en laissant toutefois le soin au gouvernement Benkirane de faire le premier pas.
Zakaria Boulahya