Maroc – CCG : compromis sur les conditions d’adhésion
Un conseil ministériel du Conseil de Coopération du Golfe est prévu du 10 au 12 septembre et devrait finaliser l’adhésion du Maroc et de la Jordanie. Les négociations avec le Maroc ont failli échouer à cause des clauses d’établissement, de libre circulation et de main d’œuvre. Mais un compromis a été trouvé selon des sources bien informées. On en saura davantage mi-septembre.
Ce sont les pays du CCG qui avaient proposé, à la surprise générale, au Maroc et à la Jordanie d’adhérer à leur institution.
Mais les discussions ouvertes ultérieurement ont buté comme on pouvait s’y attendre, sur la libre circulation des personnes, les pays du Golfe étant très protectionnistes dans ce domaine.
Les membres du CCG bénéficient, eux, d’une liberté totale, d’établissement, d’investissement, d’acquisition de propriété. Mais ils sont réticents à accorder aux Marocains les mêmes libertés. Des six pays, c’est le Koweit qui a la position la plus protectionniste.
Le Maroc a catégoriquement refusé une adhésion sans compris sur la circulation des personnes. Selon des sources bien informées, une contre proposition du CCG propose des assouplissements dans le domaine de l’octroi des visas, ainsi que des dizaines de milliers de contrats au profit des Maroc désireux de s’établir dans le Golfe. Une période d’essai de deux ans serait instaurée. D’autres avantages seraient octroyés au Maroc dans le domaine des acquisitions de pétrole et des investissements, ainsi que de l’aide financière.
Le site d’information arabophone Elaph a rapporté que des membres de la délégation marocaine ont été « vexés » au cours des premières discussions informelles.
Malgré la réserve du Koweït, les 5 autres pays du Conseil font désormais preuve de souplesse en promettant plus de facilité à l’accès au visa et l’accès à la propriété aux citoyens marocains. Même si leurs droits n’égaleraient jamais ceux des citoyens originaires du Golfe, le Maroc occuperait une position jamais atteinte par un pays tiers.
Une proposition revue la baisse
« L’idée de l’adhésion n’est pas nouvelle », ne cesse-t-on de répéter au Maroc et en Jordanie. C’est que l’actualité chaude prête à confusion. D’aucuns prétendent que l’adhésion du Maroc et de la Jordanie au Conseil de coopération du Golfe est de nature sécuritaire, insinuant une entraide militaire pour dompter les révolutions dans l’ensemble des pays membres.
Le CCG affirme que l’idée germait depuis longtemps. La Jordanie et le Maroc étant les deux dernières monarchies arabes à ne pas faire partie de ce club fermé, depuis sa création en 1981, les dirigeants du CCG se sont déclarés favorables à leur adhésion au Conseil, lors d’un sommet organisé le 10 mai 2011 à Ryad.
A la suite de cette proposition flatteuse pour le Maroc, médias et société civile du Golfe se sont penchés sur la question avec acharnement. Les arguments changent mais le rejet fait l’unanimité. Sont évoqués les taux de chômage élevés et la situation économique au Maroc et en Jordanie, mais aussi l’avancement des droits de l’homme et l’émancipation de la femme au Royaume chérifien, considérés comme une menace !
Pendant ce temps, silence radio du côté du Maroc, en dehors de quelques objections et des réponses sporadiques à des positions non officielles. De son côté, la CGEM (Confédération générale des entreprises du Maroc) a manifesté un réel enthousiasme pour cette union grâce à laquelle un espace de coopération sera ouvert aux ambitions du Maroc dans la région du Golfe. Les investissements du Golfe au Maroc se multiplieraient, espère-t-on, comme en Espagne.
Un rapport de l’Emirates Industrial Bank a souligné à son tour l’impact économique de l’adhésion du Maroc et de la Jordanie au Conseil de Coopération du Golfe (CCG) sur les deux pays mais également sur le groupe économique du Golfe, rétablissant ainsi l’équilibre entre les pays membres et les pays candidats à l’adhésion.
La prochaine session du Conseil de coopération du Golfe se réunira le 10 septembre prochain à Jeddah (Arabie Saoudite). Entre temps, le Maroc doit décider s’il accepte ou non les conditions du Conseil. Vu l’impact économique mais aussi culturel et social, une implication de l’opinion publique dans cette question cruciale serait plus en phase avec les principes démocratiques dans la conjoncture actuelle.
Fedwa Misk