Maroc- CAPDEMA, un rendez-vous avec la démocratie
C’est dans le cadre de leur première activité hors les murs, que les jeunes de l’association CAPDEMA (Cap Démocratie Maroc), localisée à Paris, ont débarqué à l’Institut Agronomique et Vétérinaire de Rabat. Mus par un fort désir de contribuer à l’éveil politique chez leurs pairs, ces jeunes marocains ont organisé en mi-juillet une université d’été dont le succès devrait les encourager à pérenniser l’activité.
« Je suis venu à l’université d’été CAPDEMA avec deux questions. J’en reviens chaque jour avec quarante ! », nous dit un participant à l’université, pourtant pas des plus jeunes. C’est que l’assistance est fortement homogène. Des jeunes, des moins jeunes, des garçons, des filles… beaucoup plus de filles que de garçons dans certains ateliers, comme le note un jeune médecin avec une pointe d’amusement.
Derrière l’organisation, un staff d’étudiants marocains qui dépassent à peine la vingtaine.
Des cours pour apprendre la démocratie
L’ambiance bon enfant à l’extérieur de la salle n’augure que moyennement la pertinence des interventions et des échanges à l’intérieur. Cours d’histoire, comparaison des systèmes politiques des grandes monarchies du monde, focus sur des idéologies et un échange venant colmater les brèches dans les connaissances politiques de l’assistance.
Historiens, économistes, politiciens et activistes des droits de l’homme se sont retrouvés nez à nez avec un public attentif, certes plein d’interrogations mais également de contestations et de divergences. Seul mot d’ordre : Démocratie.
Tolérance zéro contre la langue de bois ! les jeunes ont brillamment réinventé le jeu avec des acteurs qui se sont laissés allés, pour la plupart, à la morosité de la scène politique. Les jeunesses des partis politiques en ont particulièrement pris pour leur grade, affrontant la méfiance légitime de leurs pairs.
Les après-midi ont concédé la libre expression aux participants autour de thèmes animés par des spécialistes. Une douzaine d’ateliers ont été organisés, tels que « Justice et développement », « institutions et développement économique », « la veille citoyenne » ou encore « Internet, nouvel espace de militantisme ».
S’il y a bien quelque chose à retenir, c’est que CAPDEMA est venue combler, le long de ses trois jours, une lacune béante d’intermédiation entre le citoyen et le politicien.
CAPDEMA, c’est qui ?
Dans un paysage politique quasi-désertique et suite à l’échec de la mobilisation de la jeunesse immigrée lors des élections législatives de 2007, des étudiants marocains d’horizons académiques différents, installés à Paris, ont jugé nécessaire de créer une plateforme de débat et de réflexion autour de la chose politique dans leur pays.
Si les premières rencontres informelles mettaient à nu la méconnaissance des jeunes de l’histoire politique du Maroc, cela ne pouvait que renforcer la motivation des instigateurs de l’action. « Nous souhaitons que la jeunesse puisse se réapproprier la chose publique et reprenne en main son destin », nous explique Anas Alaoui, l’un des membres fondateurs de l’association.
De 25 membres en 2009, dont une seule fille, l’association CAPDEMA est passée en 2011 à 81 membres, avec une représentativité féminine de 46% ! Une parité voulue et encouragée selon Anas Alaoui.
Outre les conférences animées par des personnalités politiques, médiatiques ou académiques (Tourabi Abdellah, Boubker Jamai, Ahmed Réda Chami, Fouad Abdelmouni, etc…), CAPDEMA organise des rencontres régulières pour débattre de questions d’actualité.
Ne s’arrêtant pas à la simple organisation et dans une logique de participation effective dans la réflexion démocratique, CAPDEMA a sorti son propre mémorandum sur les réformes constitutionnelles, un programme des plus avant-gardistes disponible sur le site de l’association. Plus concrètement, « nous travaillons actuellement sur une Loi de Finance Alternative et une réforme fiscale », explique Anas Alaoui avant d’annoncer le lancement très proche de CAPDEMA-Rabat. Et de conclure : «A CAPDEMA, nous sommes conscients que nous vivons une période historique et nous n’allons pas rater ce coche ».
Fedwa Misk