Maroc. Caisse de compensation : 10 milliards dépensés en janvier et février
Le déficit de la caisse de compensation ne cesse de s’aggraver. Cette année, les 46 milliards de dirhams que lui a alloués le gouvernement Benkirane risquent de fondre en quelques mois. Comme en 2011, l’option d’une rallonge financière n’est pas à écarter. (Photo AFP)
A l’abri de l’actualité focalisée sur la controverse autour des cahiers de charges de l’audiovisuel et les sorties médiatiques du chef du gouvernement, la caisse de compensation est en crise. Rien qu’en janvier et février, « ses dépenses ont augmenté d’une façon alarmante (+39,3% par rapport à 2011) pour atteindre 9,7 milliards de dirhams », révèle la dernière note de conjoncture de la Direction des Etudes et de la Prévision Financière relevant du département de Nizar Baraka.
L’option d’une rallonge budgétaire, aux conséquences désastreuses sur la croissance et le déficit, comme c’était le cas en 2011 n’est pas à écarter. Une année au cours de laquelle le cabinet Abbas El Fassi a été contraint d’injecter plus de 15 milliards de dirhams dans cette caisse, en plus des 18 milliards initialement prévus.
En effet, si cette tendance se poursuit, il est fort probable d’atteindre 60 milliards de dirhams vers la fin de 2012. Le gouvernement serait dans l’obligation d’injecter, au minimum, 14 milliards de dirhams pour combler le déficit de cette caisse, sachant que le projet de loi de finances, en cours d’examen à la Chambre des conseillers, ne lui a réservé que 46 milliards.
« Cette somme n’est qu’une base d’évaluation de l’année en cours. Des facteurs exogènes liés notamment à l’instabilité des prix des matières premières et des produits énergétiques impactent négativement les fonds de cette caisse. Dans ce cas de figure, une rallonge financière s’impose », estime Habib Malki, député de l’USFP (opposition) et président du Centre marocain de conjoncture.
Une réforme qui accuse du retard
En 2008, Nizar Baraka, alors ministre chargé des Affaires générales du gouvernement Abbas El Fassi, avait promis une réforme de la caisse de compensation. En 2012, il récidive mais cette fois en sa qualité de ministre de l’Economie et des Finances du cabinet Benkirane.
Mais, force est de constater que la remise à niveau de cette caisse accuse bien du retard.« L’absence d’une vision globale en est la principale cause. Un projet de réforme implique nécessairement une concertation avec les partenaires sociaux et les opérateurs économiques, un débat conséquent sur la base d’un programme bien déterminé. La maîtrise du déficit doit obéir à une nouvelle stratégie des finances publiques », déplore-t-il.
Un déficit qui s’aggrave
En 2011, les importations énergétiques, pétrole en premier lieu, ont représenté 5% du PIB. Une tendance appelée à se poursuivre en cette année. Mercredi à Londres, le baril de Brent, pour les livraisons de juin s’échangeait à 118,5 dollars. A New York, le baril du « Light sweet crude » (WTI) a clos la séance à 105,44.
Dans les deux places boursières, le pétrole a enregistré de légères pertes, respectivement 81 et 72 cents, mais sans réelle incidence sur les finances de la caisse de compensation. Le gouvernement Benkirane a calculé le projet de loi de finances 2012 sur la base d’un baril de 100 dollars. Un dollars de plus est estimé à 300 millions dollars de déficit.
Outre les produits énergétiques, les importations céréalières aggravent davantage le déficit de la caisse. Un récent rapport de l’USAID (l’agence américaine de développement), publié le 12 mars, estime les besoins du Maroc en blé à 3,2 millions de tonnes durant la période 2011-2012 et les prévoit à plus de 5 millions de tonnes en 2012-2013.
Mohamed Jaabouk