Maroc. Avenir incertain des exportations marocaines
Quand l’Europe a froid, le Maroc éternue. La dépendance à l’égard du marché européen des principales filières exportatrices marocaines se manifeste négativement sur le volume des exportations ainsi que sur les investissements.
Maussades ! Telles sont les perspectives de l’économie marocaine en 2012. Spécialement pour sa branche exportatrice. Alors que les officiels se félicitaient de « l’exception marocaine », faisant allusion à la résilience de l’économie du royaume vis-à-vis de la crise mondiale, il semble que cette théorie soit battue en brèche par l’état des comptes publics.
La balance commerciale du pays connait un déficit de 185,5 milliards de dirhams, et tout indique que la situation tend à empirer. En effet, La dépendance à l’Europe des principales filières exportatrices marocaines se répercute de manière quasi-élastique sur la demande adressée au royaume, enregistrant le contrecoup de la récession qui guette les pays européens.
Les principaux marchés du Maroc – la France, l’Espagne et l’Italie -, affichent tous une petite santé pour 2012, avec des prévisions de croissance qui frôlent le zéro absolu.
La France, premier client du Maroc, table sur un minuscule 0,5% de croissance pour cette année. L’Italie se dépêtre encore dans son plan d’austérité, alors que l’Espagne, 2ème client du royaume, est plongée dans une récession qui risque de durer, surtout avec l’un des taux de chômage les plus élevés de l’Union européenne.
2012 dans le rouge
Résultat des courses, les principales exportations marocaines (hors produits agricoles et services) s’attendent à un net repli en 2012. Le textile-habillement, pilier de l’industrie qui a exporté pour 25,5 milliards de dirhams en 2011 sur le marché européen, a tout de même clôturé l’année sur une baisse de 10,7%.
Les principaux donneurs d’ordre du marché textile marocain, tels que le mastodonte espagnol Indutex, propriétaire de la marque Zara, ont récemment annoncé revoir à la baisse leurs prévisions pour 2012. De quoi donner des sueurs froides aux patrons marocains, qui comptaient malgré tout sur le maintien des commandes des réseaux de distribution européens, spécialement ceux positionnés dans le haut de gamme.
Autre indicateur dans le rouge : les investissements directs étrangers (IDE). Longtemps considérés comme l’un des moteurs de croissance de l’économie marocaine, les recettes des IDE ont enregistré une baisse de 26,4% en janvier dernier. Une situation qui découle de la conjonction de deux facteurs : la crise de la zone Euro et le Printemps arabe.
Bien que le Maroc soit considéré comme « politiquement stable », le manque de visibilité des investisseurs fait qu’à leurs yeux, la rive Sud de la Méditerranée est dans l’ensemble perçue comme une région à risque. Selon les chiffres de l’Agence marocaine des investissements (AMDI), la baisse des IDE aurait fait perdre plusieurs milliards de dirhams au Maroc en 2011, avec des prévisions encore plus moroses en 2012.
Rétablir la barre constitue un véritable défi pour le gouvernement actuel. Pour maintenir l’économie du pays à flot, les analystes recommandent soit de baisser les dépenses, soit… d’augmenter les impôts ! Deux mesures qui dans le contexte actuel équivalent presque à un suicide politique…
Zakaria Boulahya