Maroc – Algérie : vrai rapprochement ou faux espoir ?

Si les médias marocains officiels se sont précipités à évoquer un certain réchauffement des relations entre le Maroc et l’Algérie, les journaux algériens ont maintenu leur scepticisme quant à la présumée évolution. Laquelle amélioration serait si elle intervenait, appréciée par l’ensemble des observateurs nationaux et internationaux, ne pouvant qu’être salutaire pour l’avenir de la région.

Si les ponts n’ont jamais été totalement coupés entre les deux pays voisins, on était loin de la cordialité qu’exigeait le code de bon voisinage. Souvent à froid, les officiels des deux pays se montraient très peu favorables à toute forme d’entente.

Pourtant, il y a quelque mois, on remarquait déjà la présence de politiques algériens, entre autres homologues étrangers, lors de manifestations économiques au Maroc. Le ministre de l’agriculture algérien assistant au SIAM donnait un signe fort de la possibilité de dégel des rapports de collaboration entre les deux pays.

De petits pas vers un rapprochement

Plus récemment, et dans une lettre adressée au président algérien Abdelaziz Bouteflika à l’occasion de la fête de l’Indépendance de l’Algérie, le Roi Mohammed VI a affirmé sa ferme «détermination à poursuivre l’action pour surmonter les obstacles» entre les deux pays voisins. Le souverain a également ajouté que cette coopération doit se réaliser «dans le cadre de l’Union Maghrébine, en tant qu’option stratégique dans un monde où dominent les groupements solides et qui ne laisse pas de place aux entités fragiles».

Il va sans dire qu’une Union maghrébine ne peut que représenter un pôle d’attraction économique et une zone de pouvoir décisionnel au niveau de l’Afrique, mais aussi de la Méditerranée, si l’on tient compte du fait que l’Algérie constitue la 2e puissance économique du continent noir et que le Maroc occupe la 5e position.

Il a été également noté un net regain d’échanges de visites d’officiels des deux pays, notamment de délégations ministérielles mandatées pour développer les relations de coopération sectorielle dans divers domaines tels que l’énergie, où les échanges sont infimes malgré les larges potentialités dont disposent les deux pays.

Des questions concernant la sécurité des frontières, la lutte contre l’immigration clandestine et le trafic de stupéfiants ou du carburant, ont été abordées afin de faire l’objet d’étude approfondie selon Mourad Medelci, le ministre des Affaires Etrangères algérien.

Les sujets qui fâchent

De son côté, Taïb Fassi Fihri annonçait, à New York, que « la normalisation entre Maroc et Algérie est en cours ». C’était lors des 8es pourparlers informels au sujet de l’avenir du projet d’autonomie des régions du Sud, qui ont eu lieu du 19 au 21 juillet à Manhasset. Un huitième round qui aura été un échec de plus, entre les deux protagonistes d’un conflit vieux de plus de trente cinq ans

«A la fin de la rencontre, chaque partie a continué de rejeter les propositions de l’autre partie comme seule base de négociations, réitérant leur volonté de travailler ensemble pour parvenir à une solution politique», a souligné Christopher Ross, l’envoyé spécial de l’ONU dans la région.

L’affaire du soldat marocain tué aux frontières par un groupe de terroristes algériens tombe peut-être à pic pour relancer les discussions sur la question des frontières, sans pour autant s’engager dans un lourd processus de rapprochement immédiat, au dénouement improbable.

Fedwa Misk