Maroc. Accord agricole, en attente du verdict…

 Maroc. Accord agricole, en attente du verdict…

La France a attiré l’attention de l’Union européenne sur les conséquences négatives qui découleraient de la non ratification de l’accord agricole. DR.


C’est aujourd’hui mercredi que les eurodéputés devraient se prononcer sur l’accord agricole reliant le Maroc et l’Union européenne. Un vote sous tension, compte tenu des attentes parfois contradictoires des deux parties.




 


L’économiste Najib Akesbi voit d’un mauvais œil les conditions de cet accord, estimant qu’il sert avant tout les intérêts de l’industrie agroalimentaire européenne. Pourtant et bien que des rumeurs circulent au sujet du report de ce vote à demain jeudi, l’optimisme est de mise côté marocain. Et pour cause.


Suite à une récente rencontre entre le président de la Confédération marocaine de l’agriculture et du développement rural (COMADER) et Xavier Belin, président de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles de France (FNSEA), ce dernier a assuré à son homologue marocain son soutien inconditionnel à la ratification de cet accord. Une déclaration de taille quand on connait le poids de la FNSEA, dont les ramifications dépassent les frontières de l’Hexagone.


Les retombées ne se sont pas fait attendre puisque les confédérations agricoles d’Italie et d’Allemagne ont également manifesté leur soutien au Maroc. Même le premier ministre espagnol, Mariano Rajoy, s’est récemment prononcé en faveur de l’approbation de l’accord agricole et ce malgré les déclarations de son ministre des Affaires étrangères, qui y voit une menace.


Ce qui laisse penser que des tractations de haut niveau ont été menées pour obtenir le soutien espagnol, en contrepartie de la reconduction de l’accord de pêche, dont le rejet par l’UE a causé un véritable séisme dans l’économie andalouse.


 


Agriculture et Printemps arabe


D’autres actions de lobbying ont été menées à différents niveaux, notamment par les Verts de José Bové qui estime que « cet accord sert avant tout les intérêts des industriels de l’agriculture, au détriment des petits agriculteurs d’Europe et du Maroc, avec un impact très négatif sur les ressources naturelles ».


Quoi qu’il en soit, la France attire l’attention de l’Union européenne sur les conséquences négatives qui découleraient de la non ratification de l’accord agricole. Paris considère que « le rejet de cet accord risquerait de bloquer toute avancée dans les dossiers importants pour l’UE comme les négociations sur les services et établissements, les indications géographiques, la réadmission ou le partenariat stratégique et politique ».


Avec, au passage, une allusion directe au Printemps arabe : « L’adoption de l’accord renforcera la crédibilité européenne dans sa volonté de soutenir l’évolution démocratique des pays de la rive Sud de la méditerranée en favorisant, via le renforcement des relations commerciales, leur développement économique ».


Le verdict tombera dans quelques heures et, sauf surprise de dernière minute, cet accord devrait être approuvé par les députés européens. Dans le cas contraire, ce pourrait être l’élément déclencheur d’une vaste remise en question du partenariat UE-Maroc, en dépit de son statut avancé…


Zakaria Boulahya