Maroc. Abdelilah Benkirane entame les consultations pour un gouvernement resserré

 Maroc. Abdelilah Benkirane entame les consultations pour un gouvernement resserré

Hier mardi

Comme prévu, le Roi Mohammed VI a nommé Abdelilah Benkirane Premier ministre du nouveau gouvernement du Maroc. Le chef du parti islamiste Justice et développement (PJD), vainqueur des législatives de vendredi dernier, a prêté serment devant le Roi dans l’après midi d’hier mardi.

« Un islamiste modéré à la tête du gouvernement marocain », ainsi titraient hier mardi les médias internationaux en parlant d’Abdelilah Benkirane. La rencontre de celui-ci avec le Roi Mohammed VI, à Midelt, semble avoir rassuré l’observateur étranger quant au futur du Royaume. C’est un Benkirane tout sourire qui discutait dans le calme et la cordialité avec un souverain tout aussi détendu.

Une première au Maroc

C’est bien la première fois qu’un islamiste est chargé de former le gouvernement dans le royaume chérifien. Depuis l’émergence des mouvements et associations à référentiel islamique jusqu’aux législatives de 2007, jamais le pouvoir n’a été confié à un leader religieux, le Roi Mohammed VI étant d’ailleurs lui-même commandeur des croyants  et en même temps chef politique.

Mais conformément à la nouvelle constitution, adoptée par référendum début  juillet dernier, le premier ministre devait émerger du parti ayant eu le plus de voix. Le Parti Justice et développement (PJD) a remporté les législatives du 25 novembre avec 107 élus sur les 395 sièges que compte la Chambre, devançant largement les autres partis politiques.

La nomination d’Abdelilah Benkirane n’a surpris personne, étant le candidat préféré de son parti et le leader le plus écouté du grand public. « Je prie le Tout-Puissant de m’assister pour mener à bien la noble mission que m’a confiée le roi », a-t-il déclaré après avoir prêté serment devant le Roi.

Une lourde tâche l’attend, en effet. Celle de calmer le bouillonnement de la rue et de sauver l’économie. Il a d’ailleurs commencé par rassurer les marocains et l’observateur étranger quant au respect des libertés individuelles, celles-là ayant été la hantise des forces laïques et du citoyen lambda.

Abdelilah Benkirane a également tenu à tendre la main au mouvement du 20 février qui est descendu en masse dans les rues dimanche dernier. Le premier ministre a même appelé le mouvement interdit d’Al Adl Wal Ihsan à revenir sur ses positions extrêmes. Concernant l’économie, « la démocratie et la bonne gouvernance » semble être la recette miracle à bien des malheurs.

Une opposition monstre !

Abdelilah Benkirane a été clair. Il tendait sa main à tous les partis politiques, sauf au PAM avec lequel la guerre électorale s’est particulièrement caractérisée par sa violence.

Evidemment, étant né dans une famille de sensibilité istiqlalienne, Abdelilah Benkirane n’a eu cesse d’appeler à lui la « Qoutla », une coalition qui regroupe l’Istiqlal (PI), l’Union socialiste des forces populaires (USFP) et le parti Socialisme et progrès (PPS). Cela dit, il s’ouvrait également au RNI, au MP et à l’UC.

Si le PAM s’est mis à l’opposition dès l’annonce des résultats électoraux, le RNI l’a rejoint quelques heures seulement avant la nomination du premier ministre, ce qui laisserait croire que c’est la personne de Benkirane qui posait problème aux libéraux. Actuellement, c’est dans l’USFP que la tempête risque d’éclater.

La guerre entre la jeunesse vive et révolutionnaire et les séniors du parti de la rose est déclarée. Suite à la proposition du PJD de prendre des jeunes de l’USFP comme ministres, les anciens du parti se sont décidés à boycotter le gouvernement.

Ali Bouabid, militant USFP et fils d’Abderrahim Bouabid, préfère, lui, l’opposition par conviction : « Après 40 d’opposition, nous sommes bien placés pour le savoir ! L’Honneur de la gauche sera de toujours préférer perdre sur ses idées que « gagner » avec celles des autres. Pour l’avoir oublié, la gauche aura finalement perdu son honneur et les suffrages des Marocains ! ».

Fedwa Misk