Maghreb. Vers une UMA économique
Entrepreneurs et dirigeants se sont donné rendez-vous à Marrakech à l’occasion de la 2ème édition du PNB-Napeo, réseau créé dans le but de développer les partenariats et les opportunités économiques entre les USA et l’Afrique du nord. Partage de savoir-faire et d’expertise, renforcement du tissu des PME, adéquation formation-emploi,… Autant de thèmes abordés dans la ville ocre devant un panel diversifié.
Question : quelle est la région du monde qui connait le plus bas taux d’échange entre les pays la constituant ? Nul besoin d’être économiste pour deviner que c’est notre bon vieux Maghreb.
Le volume des échanges commerciaux au sein des pays de l’UMA ne dépasse guère les 2%, comparé au volume global de leurs échanges extérieurs.
Un constat qui n’est pas sans effet sur les équilibres économiques, le coût de la non-intégration régionale étant estimée à 3 points de PIB. Un luxe cher à payer en ces temps de revendications sociales.
Dirigeants et entrepreneurs issus de ces pays ont ainsi pointé du doigt les entraves au développement du potentiel économique des pays du Maghreb. Si la politique et le défaut de gouvernance ont occupé une place de choix au cours de ces débats, pratiquement tous ont été unanimes sur les déficiences en matière de logistique.
Fermeture des frontières entre le Maroc et l’Algérie, quasi-absence de lignes maritimes directes, droits de douane élevés,… Autant de contraintes qui obligent les entrepreneurs à transiter par des plateformes européennes, voire à changer tout simplement de client ou de fournisseur.
Le Maroc et la Tunisie se démarquent
Ce n’est pas pour autant que les forces vives de la région ont sombré dans le défaitisme. Les initiatives privées se multiplient, surtout au Maroc et en Tunisie, en faveur du développement de l’entreprenariat.
Le royaume a lancé depuis trois ans le programme Injaz à destination des porteurs de projet. Cette année verra à ce titre l’accompagnement de 600 étudiants et 1 200 entreprises, en mettant l’accent sur le financement et la formation.
Même initiative en Tunisie en faveur des start-up, à travers la création d’un « Smart Center » (Centre d’intelligence) ainsi que le renforcement du programme « Build your own business », une initiative de Microsoft Tunisie qui sera dupliquée auprès de ses voisins de Maghreb.
En matière de financement, les Américains ont débloqué un budget de 400 millions de dollars, destiné à soutenir les PME/TPE ainsi que les start-up. Deux fonds spéciaux ont également été créés à cette occasion : le premier répond aux impératifs de formation, et aura pour mission d’accompagner les jeunes créateurs d’entreprise durant leurs premières années d’activités. Le second porte sur le financement et le développement de franchises, notamment en donnant la priorité aux franchises 100% maghrébines.
Comme à l’accoutumée, les Américains auront leur mot à dire en matière de gouvernance à travers un « droit de regard », l’objectif étant de favoriser l’émergence de projets porteurs, spécialement en matière d’infrastructures, d’éducation et d’accès aux soins de santé.
Zakaria Boulahya