Maghreb. Marzouki veut se racheter auprès de Bouteflika
Dans une tentative de réparer les dégâts provoqués par ses déclarations, rugueuses à bien des égards, tenues à Tripoli et qui ont mis à rude épreuve la susceptibilité à fleur de peau de son ombrageux voisin de l’ouest, le président tunisien Moncef Marzouki a fait un joli cadeau au président Bouteflika en l’invitant à prendre part, le 14 janvier, aux festivités célébrant la première année de la révolution du Jasmin.
C’est la présidence tunisienne qui a annoncé la nouvelle dans un communiqué rendu public lundi et envoyé par l’ambassade de Tunisie en Algérie à toutes les rédactions algéroises.
Et pour mieux convaincre de la qualité exceptionnelle des relations algéro-tunisiennes, les nouvelles autorités tunisiennes ont fait entorse aux us diplomatiques en donnant, en un temps record, leur accord à la demande de l’Algérie de nommer M. Abdelkader Hadjar en qualité d’ambassadeur plénipotentiaire à Tunis.
Deux gestes certes symboliques, mais qui ne manqueront pas de flatter l’égo des dirigeants algériens qui n’en demandent pas tant d’une Tunisie démocratique, forte d’un réel capital estime auprès des grandes puissances.
Passant pour l’exception dictatoriale de la région, l’Algérie officielle est à l’affut de toute occasion qui lui permettra de sauver un tant soit peu la face aux yeux de l’opinion internationale.
Les invitations en fanfare lancées aux nouveaux dirigeants tunisiens Fouad Lembezaa et Béji Caïd Essebsi s’inscrivaient dans cette volonté de tirer quelques dividendes de l’aura suscitée par la révolution chez de l’Occident.
Un démenti pour contrer « des analyses erronées »
Ne s’arrêtant pas à cette réparation symbolique, la présidence tunisienne a tenu à démentir les propos attribués à Moncef Marzouki en les mettant sur le compte de la presse.
« Suite à des articles publiés par certains titres de la presse arabe déformant le discours du président de la République tunisienne Mohamed Moncef Marzouki en Libye et insinuant une tentative d’ingérence dans les affaires internes de l’Algérie, la présidence de la République exprime son étonnement quant à de tels commentaires et tient à réaffirmer son total respect à la souveraineté de l’Algérie, de son président, de son gouvernement et de son peuple », est-il écrit dans le communiqué.
Qualifiées d’«historiques » et de « stratégiques », les relations algéro-tunisiennes sont, aux yeux de la présidence tunisienne, tellement séculaires qu’elles ne pourraient « être altérées par des analyses erronées qui manquent d’objectivité et de sources sûres ».
Le Palais de Carthage a, en outre, fait part de l’engagement de Moncef Marzouki d’effectuer dans « les quelques semaines à venir » une visite en Algérie avant de se rendre dans les autres pays maghrébins, le Maroc et la Mauritanie.
On s’en souvient, Béji Caïd Essebsi est reparti de son séjour algérois, en mars dernier, avec un chèque de 100 millions de dollars en guise d’aide aux nouvelles autorités tunisiennes pour faire face à la situation dans laquelle se trouvait le pays, au lendemain de la chute du régime de Ben Ali.
Alger avait à l’époque fortement appréciée l’honneur que lui avait fait l’ancien premier ministre tunisien en réservant sa première visite diplomatique à l’Algérie.
Parions que tous ces égards montrés par la présidence tunisienne à un régime algérien se trouvant actuellement dans une mauvaise passe, seront très bien récompensés.
Yacine Ouchikh