Maghreb. Le Maroc, une poudrière ?

 Maghreb. Le Maroc, une poudrière ?

Si le risque sociopolitique est jugé élevé au Maroc

Le Maroc serait un pays à risque. C’est du moins ce qui ressort du dernier rapport de l’agence Euromonitor, spécialisé en stratégies de recherches et études de marché… Après que les agences de notation aient revu à la baisse la note de pays tels que l’Egypte ou la Tunisie – Printemps arabe oblige – c’est au tour du royaume d’essuyer les foudres de ces agences.

 

Paradoxalement, le Maroc est moins bien loti que ses voisins sur certains secteurs d’activité.

Pour l’Algérie, la Tunisie et l’Egypte, le rapport Euromonitor fait état d’une dégradation des indicateurs de risque sur l’énergie, les risques sociopolitiques, l’environnement ou encore la performance économique.

Un état des choses somme toute prévisible à la lumière des événements récents, le manque de visibilité et le climat d’incertitude rendant les investisseurs plus que frileux.

Risque social

Le cas du Maroc est assez particulier, dans le sens où c’est le seul pays d’Afrique du nord qui présente un risque allant de moyen à élevé sur l’ensemble des secteurs pris en compte par Euromonitor.

Le cabinet estime élevée la vulnérabilité du royaume aux chocs sociopolitiques ainsi qu’aux chocs externes (hausse des prix des matières premières), avec une mention spéciale pour l’immobilier.

Si le risque sociopolitique est jugé élevé au Maroc, c’est principalement en raison des manifestations hebdomadaires organisées par le Mouvement 20 février et ses sympathisants, qui représentent aux yeux des observateurs étrangers le possible catalyseur d’une véritable « révolte sociale », dans un pays marqué par la déliquescence des services publics.

Quant au secteur de l’immobilier, il a essuyé de plein fouet les effets pervers de la crise internationale, suite au positionnement des opérateurs marocains sur du haut standing à destination d’acquéreurs étrangers.

Problème de gouvernance ?

L’énergie et les finances publiques présentent un risque jugé « moyen ». Or, le Maroc importe près de 95% de sa consommation énergétique, dans un contexte international marqué par la volatilité des prix. Les finances publiques sont, elles, caractérisées par un déficit budgétaire alarmant.

En 2011, près de 23% du budget de l’Etat marocain a été consacré à la stabilisation des prix des produits énergétiques et des produits de première nécessité (pain, sucre,…) à travers la Caisse de compensation.

Sur le terrain, la réalité est tout autre, elle frise même l’absurde selon une étude du ministère marocain des Affaires économiques et générales.

Alors que la Caisse est censée jouer le rôle d’un véritable pacemaker social, cette enveloppe budgétaire profite plus aux entreprises et à la classe aisée (44%), ainsi qu’à la classe moyenne (49%). Les classes défavorisées ne bénéficiant quant à elles que d’un malheureux 7% !

Un paradoxe de plus pour un pays dont la stabilité a pourtant été louée à maintes reprises par l’UE et les USA. En dépit des fragilités structurelles et des contrastes sociaux qui menacent le royaume…

Zakaria Boulahya