Maghreb- L’UMA, un rêve accessible ?

Le Maroc n’a jamais renoncé au rêve de constituer une véritable Union du Maghreb Arabe avec ses voisins. Si la Libye et l’Algérie ne partageaient pas cette vision auparavant, le printemps arabe change la donne et rend prioritaire la coalition entre les Etats et, surtout, les peuples du Maghreb. Aujourd’hui, le Maghreb devient un horizon incontournable.

Pour les 5 pays qui la constituent, l’Union du Maghreb Arabe peut s’ériger en puissance locale et régionale, de taille à affronter les aléas économiques qui menacent les pays émergents et à faire face à la suprématie de l’UE dont les intérêts sont assez souvent en conflit avec ceux du Maghreb. La solidarité entre pays voisins favoriserait également la prise de position commune par rapport à de nombreuses questions politiques concernant la région.

Ainsi rêvée depuis des décennies, l’UMA a été créée le 17 février 1989 lors d’une réunion à Marrakech des Chefs d’Etats d’Algérie, de Libye, de Mauritanie, du Maroc et de Tunisie. On se rappelle encore les 5 Chefs d’Etats portant leurs poings serrés au ciel en signe de solidarité et de victoire. On a vite fait de déchanter.

Les bâtons dans les roues

Si l’Algérie n’a jamais montré d’enthousiasme débordant pour la création de l’UMA, la Libye enchaînait les coups de théâtre destinés à faire couler le projet d’union. Kadhafi ne voulait pas de l’UMA. Esprit de contradiction ou messages tacites, le colonel a toujours mené la vie dure à ses confrères. Au cours de son mandat à la présidence de l’UMA, il reporte un sommet prévu en 2002 à quatre jours de son ouverture à Alger. Il le reporte à nouveau en 2003.

Accusant Nouakchott d’être le cheval de Troie d’Israël ou Rabat de séquestrer les Sahraouis, les sorties du Colonel n’en finissaient pas de tracasser les voisins. Au-delà des simples accusations, Kadhafi avait financé aussi bien l’opposition mauritanienne radicale, qui a plusieurs fois tenté de renverser le régime d’Ould Taya, que le Polisario au Maroc.

Le printemps arabe aura non seulement débarrassé la Libye d’un chef « cinglé », mais donné un nouveau souffle aux relations maroco-libyennes. Le Maroc a été le premier pays arabe à confirmer explicitement son engagement auprès du conseil national de transition (CNT) libyen.
Bien que la reconnaissance officielle tardive ait fait l’objet de reproches par le CNT, ce dernier a reconnu que le Royaume a eu un discours cohérent depuis le début de la révolution, encourageant les pays arabes à voter en faveur de l’intervention onusienne. Le président du CNT Mustapha Abdeljalil, a salué les positions « claires et sans équivoque » du Maroc. Les deux gouvernements sont tout aussi enthousiastes pour remettre l’UMA sur la voie de la consécration.

La Tunisie déjà d’attaque

Mercredi dernier, Rabat a accueilli une délégation tunisienne officielle venue renouveler ses relations avec le Maroc et souligner l’intérêt de travailler de concert sur les questions de la démocratie et du développement commun aux deux pays.

La secrétaire d’Etat auprès du ministre des Affaires étrangères et de la coopération, Latifa Akharbach, et son homologue tunisien, Radouane Nouicer, ont indiqué que les deux pays œuvrent à travers la coopération bilatérale à réaliser les aspirations des peuples de la région pour l’enracinement de la démocratie et l’établissement d’un espace maghrébin intégré.

Une plus grande coordination sur les plans politique et économique nécessitera, selon les deux officiels,  davantage d’échange d’information et de visites, « non seulement pour les hommes politiques, mais aussi pour les étudiants, les chefs d’entreprises, les hommes d’affaires, les enseignants et les chercheurs, dans l’objectif de rapprocher davantage les deux peuples », explique Radouane Nouicer.

Aujourd’hui, l’Algérie est bien l’unique pays qui s’oppose à la concrétisation véritable de l’UMA. Alger se trouve, de plus, en mauvaise posture, ayant manqué l’occasion de soutenir le peuple libyen et de reconnaître à temps le CNT. Le peuple algérien, lui, aspire à la liberté et à la démocratie, cherchant des alliés auprès des peuples voisins, qui sont sur la bonne voie pour réaliser ces mêmes revendications. L’Etat algérien gagnerait peut-être du temps en tentant de s’aligner aux ambitions et aux réformes des voisins. L’Union du Maghreb Arabe ne peut que faire sa force.

Fedwa Misk